La nuit était déjà tombée et l’air était frais. Pourtant dans les rues l’ambiance était toute autre. Il y avait de l’animation, les rues grouillaient de monde, d’adultes, d’enfants, de jeunes, des personnes âgées. Poussant un grognement, le mangemort essaya de se frayer un chemin parmi les badauds déguisés en une copie de son monde. Certains portaient un draps sur eux pour ressembler à un fantôme et c’était sans doute le costume qui le faisait le moins tiquer parmi toutes les représentations grotesques que les moldus avaient du monde de la magie. Il regarda avec mépris les sois-disant sorcières, loups-garous et vampires, les monstres, les maquillages criards, les couleurs vives et sombres, les nez crochus, le verrues et les dents pointues. Pathétique. Les plus jeunes d’entre-eux portaient à leurs bras des sceaux, des paniers ou des sacs qui débordaient de confiseries, sonnant d’une porte à une autre des maisons décorées pour l’occasion. Là aussi, le mangemort tiqua en voyant les fausses araignées, les figurines de sorcières, les balais. Tout cela lui faisait l’effet d’une insulte et en même temps de mépris. Ces moldus qui les avaient si longtemps persécutés, torturés, pendus – le souvenir de Salem était encore très frais dans les mémoires bien que si lointain dans le temps – brûlés et chassés, ces moldus qui maintenant s’amusaient à les imiter de manière grotesque lors de cette soirée, Halloween, si importante pour les sorciers. En connaissaient-ils la véritable signification au moins ? Il était sûr que non. Ils ne devaient avoir aucune idée de ce qu’il se produisait cette nuit là, des puissances qui étaient déchaînées sur terre.
Il dépassa un groupe de jeunes passablement éméchés pour continuer son chemin. L’avantage de cette nuit là, c’est qu’il passait totalement inaperçu au milieu des moldus qui le prenait pour un fêtard. Les doigts crispés sur sa baguette, il se faisait des efforts pour ne pas la sortir et lancer des sorts sur les quelques moldus qui avaient l’audace de le héler et de le complimenter sur son « costume ».

« Il est cool vo’t déguisement m’sieur ? Vous z’avez des bonbons ? »

Il se stoppa et dévisagea la gamine qui avait eu le culot de se mettre en travers de son chemin. Elle ne devait pas avoir plus de six ans et lui offrait un énorme sourire auquel il manquait deux dents de lait. Elle était affublée d'une paire d’ailes scintillantes, d’une ridicule robe rose à froufrous, ses cheveux couleur paille étaient coiffés d’une espèce de tiare en une matière qu’il ne pu identifier et une baguette du même acabit surmontée d’une étoile scintillante. Elle avait l’air si innocent. Sous ses manches longues, le mangemort resserra sa prise sur sa baguette. C’était si tentant. Les parents de la fillette n’étaient nulle part en vue. Mais il n’avait pas le temps pour ça. Il n’avait pas le temps de s’attarder sur une sale mioche de moldue qui venait l’importuner. Il y avait plus important ce soir, il ne pouvait pas être en retard. Le maître risquait de ne pas être content. A la place, le mangemort fusilla du regard la petite fille en grognant et montrant les dents. La petite fille lâcha sa baguette en criant et se mit à pleurer en voyant la lueur cruelle dans les yeux de l’homme. Elle s’enfuit à toute jambes en appelant ses parents. Bon débarra.

Poursuivant sa route, le mangemort s’incrusta dans une ruelle sombre et sans issue. Il se stoppa devant un mur recouvert d’affiches et de graffitis et sortit sa baguette. Il effectua un mouvement de spirale sur le mur dans le sens des aiguilles d’une montre avant de s’arrêter sur la seule brique qui ne semblait pas avoir subit l’usure du temps ni les actes de vandalisme des moldus. Il la tapota deux fois et le mur s’effaça alors pour laisser un passage qui le conduirait à Pré-au-Lard. C’était un de ses passages qui avaient été un peu oubliés avec le temps et donc peu emprunté. Parfait en somme. Quand il se retrouva à la lisière du village sorcier, le mangemort soupira de satisfaction, soulagé d’être loin de ces sales moldus, réajusta sa cape et enfila sa capuche, ainsi que son masque. Il se dirigea vers la forêt qui bordait le village, non loin d’une cabane abandonnée. Il s’enfonça dans les branchages pendant quelques mètres, avant d’atterrir dans une petite clairière où se trouvaient déjà quelques collègues.


Il n’était pas le premier arrivé, ni le dernier. Il ne salua pas ses collègues, se contentant d’observer les alentours. Au loin il pouvait entendre de la musique qui provenait des rues plus animées du village. Une fête allait être organisée pour Halloween et d’après les renseignements, les élèves de Poudlard avaient reçu la permission de s’y rendre. Deux autres mangemorts arrivèrent. Ils étaient au complet, enfin du moins en partie. D’autres mangemorts avaient été envoyés pour se fondre dans la foule et se trouvaient à Pré-au-lard, sous couverture.


Cette fête Halloween allait être l'occasion parfaite de sa faire connaître d'avantage, mais aussi de faire un grand tri. Il y avait beaucoup trop d'élèves au sang impur, la faute à ce vieux fou amoureux des moldus.
Un grand nettoyage s'imposait, ou sinon il n'y aurait bientôt plus de sang-purs sur cette terre. Le Seigneur des Ténèbres avait raison. Il étant temps de remettre les choses dans l'ordre établit, de purifier le monde. Et quand cela serait fait, alors ils pourraient s'occuper des moldus, les exterminer, les asservir, les torturer.

C’était pour cela que certains mangemorts avaient été envoyés se fondre dans la masse. En se mêlant aux fêtards, ils pourraient déjà repérer quels élèves seraient leurs première cibles et pouvaient même en attirer certains sans avoir à utiliser la magie. Il serait tellement facile de les convaincre d’enfreindre les règles pour aller goûter à un nouvel alcool ou de venir s’amuser dans un endroit moins conventionnel. De faire de nouvelles expériences.

Quand le maître leur avait annoncé la nouvelle, elle avait été accueillie de cris de joie et de sourires sadiques pour certains qui jubilaient d’avance. Et il y avait les autres, les habitants de Pré-au-lard, les visiteurs venus pour l’occasion de la fête. Il y aurait du monde. Des gens à recruter, à capturer, à torturer, à tuer. Le cœur du mangemort battait à tout rompre dans sa poitrine, excité par ce qui allait s’en suivre. Il avait hâte que la fête commence.


L’annonce de Dumbledore avait provoqué une effervescence à Poudlard. Il y a trois jours, le directeur avait annoncé que les élèves de troisième année et plus étaient autorisés à se rendre à la fête Halloween organisée par Pré-au-Lard. Depuis, les élèves étaient aussi excités que des puces. Bien sûr il y avait des règles, couvre-feu à minuit pour les élèves, une heure du matin pour les dernières années, obligation de rester en groupes de trois minimum et il était interdit de consommer de l’alcool ou autres substances illégales, même pour les majeurs et bien sûr, les élèves devaient bien se conduire afin de ne pas entacher la réputation de l’école. Les professeurs et les préfets y veilleraient.

Ces derniers étaient actuellement en train de vérifier les listes des élèves qui s’étaient inscrits pour cette sortie nocturne, vérifiaient que tout le monde était présent, que personne ne restait seul et que personne ne tenterait d’apporter de l’alcool en douce.

Quand tout fut vérifié, les élèves s’installèrent dans les calèches et purent partir pour le village sorcier. Les conversations allaient bon train. Un groupe de filles de sixième année projetait déjà de faire faux bon au règlement pour se rendre dans un pub normalement interdit aux élèves, d’autres riaient déjà des farces qu’ils allaient faire et d’autres ne savaient tout simplement pas ce qu’ils comptaient faire de leur soirée.

Ils n’avaient aucune idée de la tournure que prendrait cette soirée. Ils étaient au courant qu’il y aurait des aurors et quelques employés du ministère déployés pour des raisons de sécurité, mais ne se sentaient pas plus en danger que d’autres. Ils ne se faisaient pas de soucis pour ce soir. Il n’y avait aucune raison pour que le danger vienne, pas ce soir, c’était la fête. Et ils étaient jeunes, ils étaient des enfants, ils ne représentaient aucun intérêt.
Il n'y avait que les monstres pour s'en prendre aux enfants et les monstres vivaient cachés dans des placards ou sous les lits.

Ce soir il s’amuseraient, ce soir ils feraient la fête. Ils comptaient faire de cette soirée un moment magique qu’ils n’allaient pas oublier.



De leur côté le petit groupe de mangemorts attendaient le signal. Le temps commençait à être long. Mais leurs contacts allaient leur faire signe. Il fallait attendre que les élèves arrivent et profitent un peu de la fête, pour attaquer au moment opportun. Si ils attaquaient alors qu’ils étaient à peine arrivés, l’effet serrait gâché.

Parce qu’il n’était pas seulement question de tuer ou même d'éventuellement recruter des intéressés, non. Ce que le maître voulait, ce qu’ils voulaient tous, c’étaient les terroriser. Gâcher un moment de bonheur comme celui là. Ils interviendraient donc au milieu de la fête.

Pour le moment la première partie du plan consistait à attendre, pendant que d’autres mangemorts se frayaient un chemin dans la foule pour repérer les cibles, les élèves au sang impur qui avaient été signalés, les enfants de traitres-à-leur-sang.

Alors il attendit, patient. Sous son masque, il souriait.
Il avait hâte que la fête commence.

Felix s’habilla en hâte des premiers habits qu’il avait trouvé dans sa commode. Un bref coup d’œil à l’horloge présente dans le dortoir lui indiquait qu’il était en retard, comme toujours. Il attacha sa chemise en vitesse, alternant mal les boutons dans les encoches, avant d’enfiler son pull aux couleurs rouge et or. Un évènement ainsi, ça n’arrive qu’une fois au bout d’une lune. Hors de question de rater ça. Il courut à toute jambe jusqu’au grand hall, manquant de s’étaler plusieurs fois dans les escaliers et traversant un fantôme râleur qu’il n’eut pas le temps d’identifier. Ouf. Les préfets n’avaient pas encore commencé à compter. Le brun balaya l’assemblée des yeux pour trouver son groupe. Le directeur avait donné comme instruction, entre autre, de se rendre à la fête par groupe de trois minimum. Son regard se posa sur les boucles blondes d’un Serpentard de sixième année. Felix soupira. Il aurait tant voulu s’y rendre, main dans la main avec lui. Mais c’était impossible. S’afficher ensemble aurait donné lieu à trop de conséquences. Lui s’en fichait, mais son homme n’était pas encore prêt pour cela. Il vit deux chevelures flamboyantes se remuer dans la foule. Sur la pointe des coussinets, Felix s’approcha du dos de son amie d’enfance, @Peyton E. Dickson et l’enlaça en riant. Elle était censée se rendre au village avec Carter et Kathleen mais pour une raison qui lui était encore inconnue, la rousse a préféré venir avec Felix et @Lily Evans. Il salua cette dernière après avoir embrassé son amie sur la joue. Loin de la connaître personnellement, il voyait parfaitement bien qui elle était. Ils étaient dans la même maison et la même année. Ils se trouvaient dans la majorité des cours ensemble, et avaient été binôme dans certains.

- Tout est bon. Avancez vers les calèches par groupe de minimum trois. Je vous rappelle que l’alcool ou autres potions psychotropes sont interdites, que le couvre-feu est à minuit pour tout monde, que la réputation…

Une fois les recommandations récitées par les préfets et les professeurs pour la énième fois et un voyage semblant interminable vers le pré-au-lard, ils étaient arrivés. Pour fêter leur dernier d’Halloween en tant qu'élèves, les septième années étaient autorisées à boire de la menthe à l’eau jusqu’une heure du matin. Bras dessus, bras dessous avec les deux rouquines, Felix ne pouvait s’empêcher de sourire. Ce malgré son regret de n’avoir pas osé se colorer les cheveux en orange comme il avait pensé. Les décorations étaient fabuleuses et, oserait-il le penser, encore plus impressionnantes que celles de Poudlard. Au loin, il voyait déjà certains visages familiers s’écarter du groupe. Parmi eux, des bouclettes brunes bien connues. « Comme c’est étonnant… ». Il ne savait pas encore s’il allait braver les interdictions imposées par la direction. Ce qui était sûr, c’est qu’il allait profiter à fond de cette soirée qui se promettait inoubliable.