♫

Le temps était bien peu clément aujourd’hui. Cela faisait déjà trois jours qu’il neigeait sans arrêt, Poudlard était maintenant vêtu d’un manteau blanc gelé, pour la plus grande joie des élèves qui s’adonnaient dès qu’ils le pouvaient, à toutes sortes d’activités dans la neige.

C’était un joli tableau, un tableau charmant qui emplissait son coeur de joie. Pendant quelques instants les élèves oublient leurs soucis, ils jouent, ils profitent de cette innocence qu’ils possèdent encore sans vraiment s’en rendre compte. Et ça vaut tout pour Jane, même si elle entends ses collègues se plaindre que les élèves reviennent trempés, qu’ils vont attraper froid, qu’Argus se plaint d’avoir encore plus de travail que d’ordinaire et que la concentration des élèves n’est pas au beau fixe parce que leurs yeux sont rivés vers les fenêtres, qu’ils observent la danse incessante des flocons plutôt que d’écouter les cours.

Mais il fait encore plus froid aujourd’hui, c’est un froid mordant et peu d’élèves ont eu l’audace de braver l’étreinte glacée de l’Hiver.

Pour sa part Jane préfère rester au chaud, profiter de la chaleur de la cheminée de la salle des professeurs.

Ses yeux sont rivés sur le feu, lui aussi il danse, une danse ardente, orange, rouge, jaune, il crépite, il la réchauffe et Jane l’en remercie grandement.

Installée dans un fauteuil confortable, une couverture posée sur ses genoux, Jane ferme les yeux et laisse la chaleur des flammes venir la réconforter et lui remémorer de bons souvenirs.

Les nombreuses soirées passées au coin du feu alors qu’elle était encore une élève, entourée de ses camarades Poufsouffle, à grignoter des gâteaux que son ancien directeur de maison avait préparer à leur attention. C’était jaune gourmand, Jane s’en souvient encore de ses après-midis d’hiver passés les uns à côté des autres, à se raconter des histoires de fantôme, des histoire d’amour, des légendes, à écouter certains s’adonner au chant, même si ce n’était pas parfait, les autres s’en fichaient, ils appréciaient de partager, de connaître. Elle se souvient encore du jour où elle avait voulu leur faire découvrir des danses américaines, ils l’avaient tous regardée comme si elle était possédée.

Doux souvenirs, où elle ne songeait pas encore à l’avenir. Elle ne songeait qu’à son présent, aux poèmes de Bertie, aux visites de Pré-au-Lard et avoir de bonnes notes, à la musique, elle vivait pleinement sa jeunesse sans songer un seul instant qu’un jour, elle aurait de nouveau à affronter la guerre, mais plus avec ses yeux d’enfants, ses yeux innocents. C’est un regard adulte qu’elle pose désormais sur les récents événements, des yeux bruns tristesse, emplis d’impuissance quand elle songe à ce qu’il s’est passé il y a quelques mois.

Personne ne l’avait vu venir, personne n’aurait pu le prévoir mais c’est arrivé, c’est arrivé si vite. La guerre est comme ça, elle ne prévient pas, elle arrive, elle explose et détruit tout sur son passage.

Le feu continue sa danse lente dans la cheminée, elle soupire, se dit que ça serait bien de mettre un peu de musique pour accompagner cette ambiance douce et chaude, mais ça serait se heurter de nouveau à un mur. Ici la musique n’a pas réellement sa place, sauf pour quelques célébrités sorcières, mais pour le reste, il est hors de question de voir débarquer de la musique moderne, moldue ou non dans la salle des professeurs. C’est dommage, parce que Jane est persuadée que ça ferait du bien à tout le monde d’en découvrir un peu plus.

C’est peut-être ça le soucis au fond, sorciers comme moldus refusent de découvrir, de changer, d’en apprendre plus.

Tous érigent un mur pour se protéger, mais au final est-ce bien utile ?

Elle sait que les deux mondes doivent rester séparés, c’est sans doute mieux comme ça, mais il n’empêche que rien n’empêche d’ouvrir une petite brèche, d’être curieux.

Elle soupire, avant de se lever pour se diriger vers le coin de la salle où se trouvent une bouilloire et du thé. Ce n’est pas de la musique mais c’est tout aussi réconfortant.

Dans son dos la porte s’ouvre et elle ne peux s’empêcher de se retourner pour voir qui vient d’arriver. Elle sourit en reconnaissant Isadora. Cette dernière avait les joues rougies par le froid et encore de la neige dans les cheveux. Elle ne savait pas ce qu’elle avait été fabriquer dehors, mais il sauta tout de suite aux yeux qu’elle avait besoin de réconfort et de chaleur.

Délaissant la bouilloire, Jane alla à sa rencontre, sans lui donner le temps de retirer sa cape ni de s’installer.

« Isadora ! Tu es gelée ma parole ! Viens t’installer près du feu, ça te fera du bien. J’allais me faire du thé, tu en veux ? »

Elle la pris doucement par le bras pour l’entraîner vers la cheminée, pour ne pas la brusquer non plus. C’était toujours plus fort qu’elle, il fallait toujours qu’elle ailles vers les autres, qu’elle les protègent, qu’elle s’assure qu’ils allaient bien.