Mes parents m'ont bien appris une chose : si tu n'as pas un réseau de connaissance important, tu resteras qu'un moins que rien. Et je ne voulais pas faire partie de la population, je voulais que l'on me distingue de ces êtres insignifiants. Je faisais tout pour y parvenir. Lors des soirées mondaines de mes parents, je faisais tout pour être la petite fille parfaite, qui se renseignait sur la vie de chacun. Je faisais marcher le réseau de connaissance de mes parents quand il fallait. Je savais très bien étendre mon influence. Contrairement à mon frère, je savais ce que j'avais à faire. Un monde nous séparait avec Trace. Nous ne partagions pas les mêmes avis sur le monde, ni sur l'influence que nous devions avoir à Poudlard. Il avait un an de plus que moi, et il n'a jamais su se faire respecter comme il aurait dû. Bien au contraire, il n'a jamais été envoyé dans la bonne maison. Poufsouffle. Je pourrais presque croire que la famille Black s'en sortait bien avec leur Gryffondor. Mais qu'est-ce que j'en avais bien à faire de la famille Black. Mon frère n'avait pas été renié, on estimait juste qu'il s'était égaré et qu'il fallait le remettre sur le droit chemin.

J'étais fière de moi lorsque j'entrais à Poudlard et que je fis envoyée à Serpentard. C'était exactement la maison dans laquelle je voulais être envoyée. Dès ma première année, je commençais à faire marcher mon réseau de connaissance. Je connaissais certaines familles de grands sorciers dont leurs rejetons avaient été envoyés à Poudlard. J'en savais déjà plus que d'autres sur des élèves déjà à Poudlard. Cela me fallut un petit cercle de pions dans mon entourage. Au début, c'était un peu difficile, mais quand je leur parlais de leur secret, tout d'un coup, ils devenaient plus compatissants. Parfois, il vaut mieux que les secrets soient bien gardés et, dans mon monde, il n'y avait aucune place pour le moindre secret. Je m'étais fait des ennemis à l'école de sorcellerie. Qu'est-ce que vous voulez, on n'arrive pas au succès sans avoir connu des difficultés. Je les ai tous fait tomber, un par un. Je dévoilais leur secret, retournais une bonne partie des élèves contre eux en inventant des rumeurs qui ruinait leur réputation. Je n'étais peut-être pas invincible, mais il valait mieux de ne pas jouer avec le feu. Il faut connaître ses propres limites, ses propres défauts, les accepter et se jouer des autres.

J'avais peut-être un cercle de pions autour de moi, mais je me sentais seule. Je n'avais pas un véritable ami, ou peut-être que je n'arrivais pas à savoir qui était réellement mon ami. Mais je ne devais pas me plaindre. J'étais loin d'être une moins que rien, je savais comment avancer dans la société et montrer mon influence. C'était tout ce qui importait. Enfin, je croyais. Trace s'était désintéressé de moi. Il ne s'occupait plus de moi comme il le faisait quand j'étais petite. Il n'était plus ce grand frère qui se souciait de moi. Je crois même qu'il a fini par se retourner contre moi, m'enfermant encore plus dans la solitude. Je sais que tout ce que j'avais à faire pour qu'il revienne, était de lui présenter des excuses sincères, de lui dire que je m'étais trompée. Mais croyait-il vraiment que je tomberais dans le piège ? Non. Hors de question. Je préférais être seule que de ne pas avoir l'influence que mes parents avaient espéré avoir. J'achetais les gens en leur offrant des privilèges dans la société, leur permettant d'assister à des matchs de Quidditch à des endroits bien placés et leur promettant une rencontre avec les joueurs, leur permettant d'assister à des événements auxquels ils n'auraient eu aucune chance d'accéder. Cette vie me convenait parfaitement.

C'est lorsque j'entrais en sixième année que tout prit un tournant étrange. Des inconnus se trouvaient dans mon royaume. Je ne savais pas qui ils étaient ni d'où ils venaient. Ce n'était qu'une question de temps avant que je sache. Après tout, j'avais les moyens de les faire parler. J'étais capable de les faire parler.