Dehors, tout à l’air si triste. La pluie s’écrase violemment contre les fenêtres, les feuilles rougies par l’automne tombent une à une. Le vent souffle, s’engouffre dans les branches, faisant tomber les plus fragiles d’entre elles. Après tout, la vie, c’est comme ça aussi, les plus faibles tombent. C’est sans doute pour cette raison que Narcissa avait décidé qu’elle ne ferait jamais partie des faibles. À l’intérieur, tranquillement installée à côté de l’imposante cheminée des Black, Narcissa regarde le spectacle de l’automne. Elle se dit que ce paysage terne et morose s’accorde à la perfection avec le manoir de Cygnus et Druella Black. La brume cache la beauté des couleurs de l’automne, elle sent presque la métaphore arriver dans sa tête. Métaphore de sa vie, embrumée.  Elle chasse ces idées.

Derrière elle, tout s’active. L’Elfe de maison termine de dresser la table, il a l’air contrarié. Certainement parce que sa maîtresse, Druella, vient tout juste de le réprimander. Narcissa ne se retourne même pas pour le regarder faire. À vrai dire, elle fait comme s’il n’existait pas. Elle s’arrange d’ailleurs pour que les autres lui donnent des ordres à sa place. Enfant, elle se souvient encore avoir eu de la peine pour l’Elfe, du moins, elle se souvient surtout de la punition qui s’en était suivie pour avoir osé prendre le parti de cette créature. C’est un bon Elfe de maison, mais un peu lent, et les Black détestent que tout ne soit pas prêt pour accueillir leur famille.

Un repas de famille, une tradition qu’a toujours apprécié Narcissa, c’était d’ailleurs l’occasion de montrer sa valeur, sa grandeur. Et cette fois, c’était ses parents qui recevaient, alors Druella avait demandé à Narcissa de venir plus tôt afin de l’accompagner dans les préparatifs. Cissy a toujours eu du goût, et surtout, l’art et la manière de tout orchestrer à la perfection pour que le repas familial soit réussi, à la sauce Black. Ces derniers temps, Narcissa ne passait plus beaucoup de temps chez ses parents, bien trop occupée à jouer aux épouses parfaites et s’occuper de ses plantes. Alors, dès qu’elle a reçu le hibou de sa mère lui demandant d’être là plus tôt pour cette journée, elle a immédiatement répondu positivement. D’autant plus que Lucius l’avait délaissée depuis quelques jours pour une mission au ministère. Non pas que ça la gênait, qu’il essaye de faire ses preuves pour gravir les échelons et obtenir une place à sa juste valeur, mais Cissy n’a jamais supporté que quelqu’un, ou quelque chose, passe avant elle.

Tout est prêt, ou presque. Et c’est le presque qui chiffonne Narcissa. Elle réajuste les verres, les assiettes. Cet idiot d’Elfe n’a pas fait les choses comme elle le voulait. Peut-être qu’elle devrait elle-même lui donner des ordres, finalement.
On frappe à la porte. « Narcissa, veux-tu bien aller ouvrir s’il te plaît ? ».

« J’ignorais que j’étais devenue l’Elfe de maison, mais puisque tu l’as demandé…»

Aucune haine, aucune colère, aucun dégoût dans la voix de Narcissa. Seulement des mots froids, détachés de tout sentiment. Elle veut bien aider sa mère, mais pas faire le boulot de l’Elfe, s’en est presque dégradant pour elle d’aller ouvrir la porte. La tête relevée, elle se dirige vers l’entrée. Elle ignore qui cela peut être, mais elle sait malheureusement qui cela n’est pas. Sirius, ou encore, Andromeda. Elle s’était interdite de s’attrister à ce sujet, prétextant d’ailleurs haïr sa sœur pour la trahison qu’elle avait commise.

Narcissa ouvre la porte. Surprise.

« Bonjour, Walden. »

Bien qu’il soit plus grand qu’elle, Narcissa le regarde de haut. La dernière fois qu’elle l’avait vu, ou du moins, aperçu, Cissy avait tourné les talons pour l’éviter.