First things first
I’mma say all the words inside my head
I’m fired up and tired of the way that things have been,
Oh-OOH
The way that things have been,
Oh-Ooh
1945-1956
L’enfance de Dolohov n’a pas été rose. Elle a même été violente.
Il était à peine né que le malheur s’abattait déjà sur lui. Quelques heures à peine être venu au monde que sa mère, Natasha Dolohov, mourait en couches, le laissant au soin de ses grands-parents, emportant avec elle le secret de l’identité de son père.
Pourtant les premières années passées auprès d’eux furent paisibles, heureuses même, malgré une vie et un quotidien chamboulé par la disparition de leur unique fille et de la guerre, la famine qui s’était abattue sur le pays, Antonin était un enfant heureux, encore innocent, qui était véritablement aimé de ses grands-parents.
Puis quelques semaines après son sixième anniversaire, la maladie frappa, d’abord son grand-père, puis sa baba comme il l’appelait, et finalement la maladie les emportas tous les deux, le laissant entre les mains d’un de ses oncles, Dimitri, le frère aîné, qui travaillait pour le parti, bien loin de Leningrad. Le cauchemar commença.
Dimitri Dolohov était un homme violent, qui haïssait son neveu sans raison apparente. Tout était un prétexte pour le frapper, pour le violenter.
Antonin qui avait été perturbé par la mort de ses grands-parents, le fut encore plus par le changement d’habitation. Une maison simple d’apparence, un peu plus grande que d’autres, protégée par différents sorts et en bordure d’une immense forêt sibérienne, où l’hiver était roi. En franchissant la porte de la maison, il ne savait pas à quel point le froid régnerait dans sa vie.
Coupé du monde, se retrouvant seul avec son oncle, le quotidien d’Antonin se résuma très vite à des coups, des cris, des menaces et des insultes. Les premières fois, le petit garçon était tellement apeuré qu’il ne cessait de pleurer, de reculer, se cacher en espérant éviter la colère incompréhensible de son oncle.
Mais très vite Antonin avait compris que ça ne servirait à rien de pleurer. Au contraire cela semblait tout empirer alors il avait appris à retenir ses larmes, à contenir le moindre signe de douleur, tout pour éviter que les punitions ne durent encore plus longtemps.
De toutes les façons qu’est-ce que ça changeait ? Chaque jour était une épreuve, chaque jour la main de son oncle se levait sur lui, pour un oui, pour un non, alors Antonin avait finit par s’y habituer, même si la peur s’était ancrée, bien trop profonde pour qu’elle ne puisse partir un jour, tout comme les cicatrices qui le marqueraient à vie. Son oncle s’en était assuré.
Si la famille Dolohov n’était pas une famille des plus riches ou avec la plus grande renommée d’Europe de l’Est, elle avait réussi à se faire connaître et amasser une petite fortune au fil des années en tissant des relations avec les plus puissantes personnalités, qu’elles soient moldues ou sorcières. C’est de cette manière que la famille n’eu pas à trop souffrir des événements de la révolution de 1917, en se rangeant du côté des bolcheviques puis en s’intégrant petit à petit au nouveau régime mis en place, évitant de finir comme la famille impériale russe ou de voir ses biens confisqués.
Éparpillés aux quatre coins du pays, Antonin se voyait ainsi isolé du reste de sa famille, dont la seule personne qui lui témoignait une véritable affection, sa cousine Tanya, qu’il ne vit que trop rarement pour recevoir un semblant d’affection qui aurait pu lui être d’être d’un grand soutient.
Les seules personnes qui foulaient régulièrement l’entrée de la maison étaient des membres de l’armée rouge ou des membres du partit, majoritairement des sorciers, rarement des moldus et ces derniers effrayaient plutôt le jeune garçon qu’ils ne suscitaient en lui une admiration quelconque.
Heureusement pour lui le jardin était grand et la demeure juste en bordure de forêt, lui permettant de sortir à loisir et de passer quelques heures loin des colères de son oncle. Même si jouer seul dans la neige avait quelque chose de déprimant, au moins il était tranquille et il oubliait même ses soucis pendant quelques temps.
Si la forêt l’avait d’abord effrayé, refusant tout net d’y poser un pied, il avait appris à braver cette peur de l’inconnu, de toutes les façons rien ne serait plus effrayant que les colères de son oncle. Les monstres des légendes existaient peut-être mais il se disait qu’ils étaient sûrement plus gentil que lui, que Baba Yaga valait mieux que les coups de ceinture.
Alors petit à petit il apprivoisait la forêt, sans jamais aller bien loin, juste assez pour explorer et rentrer à temps pour le dîner.
Il apprivoisait la forêt et la solitude, laissait sa magie faire ce qu’elle voulait, c’était libérateur de faire voler des branches dans les airs, de glacer les petits cours d’eau, de construire des châteaux en neige ou de juste se laisser tomber dans un tas de neige. Il avait appris à se familiariser avec la rudesse de l’hiver russe, même si il était parfois plus fort et l’obligeait à rester à la maison. Dans ces cas là, ses seuls refuges étaient la lecture et les travaux manuels qu’il était obligé d’effectuer. C’était une chose courante, presque normale pour lui, après tout ce n’était pas ce dont faisait l’éloge du partit ?
Il se développait une carapace de glace, une protection tellement froide que même, pensait-il, le feu d’un dragon ne pourrait pas faire fondre.
Il avait déjà onze ans et il n’avait presque jamais été en contact avec des enfants de son âge. Il était devenu sauvage en quelque sorte, fuyant.
Aussi quand vint le moment de préparer sa rentrée dans une école de magie, il éprouvait à la fois une appréhension mais aussi une certaine joie.
Dimitri avait choisit Durmstrang plutôt que Koldovstorertz, parce que l’école proposait un enseignement bien plus poussé, en particulier en magie noire, il voulait que son neveu reçoive le meilleur enseignement possible, qu’il ne soit pas dorloté d’une quelconque manière et pour cela, Durmstrang étaite l’école parfaite.
De toutes les manières peu importe l’école, pour Antonin, il serait loin de son oncle pendant quelques mois et c’était libérateur, il avait hâte et s’était même surpris à mieux supporter les colères de son oncle les jours précédent son entrée à Durmstrang.
Les premiers mois de scolarité, Antonin les passa seuls. Il n’avait même pas besoin de rejeter les autres, parce que les élèves l’évitait naturellement. Il émanait de lui une aura glaciale, il avait un air bien trop sérieux pour un enfant de onze ans, bien trop sombre.
Il s’était fait bien plus vite que les autres à la rudesse des lieux et avait vite développé un certain talent dans la pratique des duels et de la magie noire. Trop de mauvais sentiments à extérioriser sans doute.
Il ne parlait avec les autres qu’en cas de nécessité, ça lui convenait parfaitement, il était tranquille. Il n’avait pas à s’inquiéter de finir son assiette sous peine de recevoir des coups ou de surveiller la moindre de ses paroles.
Sa tranquillité fut un jour dérangée par un élève bien plus âgé que lui, qui, en le voyant occupé à lire dans son coin, se décida à venir perturber cette sérénité qu’il chérissait tant et dont il comptait profiter le plus possible avant de retourner chez lui. En quelques secondes le livre qu’il tenait entre ses mains avait disparu dans les mains du grand, qui après quelques insultes et moqueries, s’était mis à déchirer toutes les pages du livre avant de le laisser seul au milieu des bouts de papier et d’un sentiment de grande humiliation.
Il commençait à en avoir assez. Assez d’être pris pour un bouc émissaire, d’une chose sur laquelle on pouvait se défouler à loisir. Bien sûr il ne pouvait rien faire contre son oncle, mais il pouvait faire quelque chose contre cet imbécile.
Il mit du temps à trouver, mais il trouva. Une vengeance simple, un peu puérile, mais efficace. Il attendit juste le bon moment et quand le grand se trouva au sommet d’escalier particulièrement raide, il jeta un sort de gel sur les marches et il le regarda chuter et éprouva une étrange satisfaction à voir son bras et sa jambe tordus en un angle étrange et le sang couler abondamment de son nez.
Il serait sûrement remis sur pieds en un rien de temps, mais leurs regards se croisèrent l’espace d’un instant et pour la première fois, un sourire étrange se dessina sur les lèvres d’Antonin tandis que le grand frissonnait sous son regard glacial.
Second thing second
Don’t you tell me what you think that I can be
I’m the one at the sail, I’m the master of my sea,
Oh-ooh
The master of my sea
Oh-ooh !
1962-1964
Quand il grandit et devint plus fort, il n’hésita pas à en venir aux mains ou a utiliser des maléfices contre ceux qui osaient venir le chercher ou tout simplement, croiser son chemin.
Mais le reste du temps il restait seul, étudiait, avait de bons résultats et c’était tout ce qui lui importait. Les autres avaient compris qu’il valait mieux rester loin de lui. Les enseignants aussi, aucun ne chercha vraiment à le canaliser, à aller lui parler, à chercher à comprendre et pourtant ils voyaient, ils voyaient bien que quelque chose n’allait pas, ils voyaient bien les marques de bleus sur son visage quand il revenait de vacances. Peut-être que cela aurait pu tout changer. Peut-être.
Ce n’est que quand des parents portèrent plainte après qu’il eu cassé presque toutes les dents d’une fille qui avait eu le malheur de faire un peu trop de bruit que la direction décida de le renvoyer purement et simplement de Durmstrang.
Cette nouvelle suscita une telle colère de la part de son oncle qu’Antonin cru bel et bien qu’il allait mourir sous les coups et les sorts. Au lieu de ça il resta alité pendant plusieurs jours, sous les soins d’un médicomage, de quelques années son aîné que son oncle avait été obligé d’engager, il savait blesser mais pas soigner.
Et pour la première fois depuis longtemps, Antonin connu une autre sensation que la souffrance. La douceur, l’empathie. Ivan, le médicomage, était un homme à la fois patient et calme, faisant preuve de douceur, de compréhension. Il se dévoua à soigner les blessures causées par Dimitri, tout en lui parlant, de tout et de rien. Cela agaçait un peu Antonin au début mais il ne pouvait rien faire d’autre que rester allongé et l’écouter. Au moins quand Ivan lui parlait du temps qu’il faisait, de l’actualité ou de ses anecdotes d’étudiant, il oubliait la douleur causée par son oncle. Il se surprit à apprécier le ton de sa voix, ses sourires, sa manière de frapper à la porte de sa chambre avant d’entrer ou même l’odeur de ses vêtements.
Le temps de guérison fut assez long même avec l’aide de la magie, Dimitri n’y avait pas été de main morte, mais ce n’était pas ça qui le préoccupait.
Non ce qui le préoccupait, c’était cette immense chaleur qui l’envahissait à chaque fois qu’Ivan entrait dans la chambre, qu’il lui adressait un sourire, qu’il le touchait pour changer un pansement ou l’aider à se lever. Du fait qu’il se surprenait à l’observer à la dérobée quand il était occupé ailleurs. Qu’il se sentait en sécurité avec lui. Il se surprit à prier Raspoutine pour que sa convalescence dure éternellement.
Et puis un jour Ivan prononça la phrase redoutée.
« Je partirais d’ici une semaine, vous êtes presque guérit. »
Antonin essaya de dissimuler sa déception. Il ne voulait pas qu’il parte.
Ivan rit.
« Ne soyez pas déçu, réjouissez vous, vous allez pouvoir sortir de votre lit. Vous devez en avoir assez de m’entendre jacasser comme une pie tous les jours. »
Non. Continue de parler espèce d’idiot. Ne pars pas. Reste. Reste !Il voulait le retenir. Il voulait qu’il reste auprès de lui pour toujours.
Ivan s’approcha de lui, la mine inquiète.
« Mr Dolohov tout va bien ? »
Antonin pu observer de plus près le visage d’Ivan tandis que celui-ci se penchait sur lui pour l’observer.
« Tout va bien ? »
L’inquiétude était réelle. Elle n’était pas seulement due au fait qu’il était médicomage, il s’inquiétait vraiment pour lui. Inconsciemment Antonin posa une main sur l’épaule d’Ivan, comme pour le retenir. Il pouvait contempler à loisir ses yeux sombres, des yeux noirs d’encre, en contraste avec sa personnalité.
« Mr Dolohov ? »
Ivan semblait lui même mal à l’aise, un peu gêné. Il avait pourtant l’habitude des contacts avec son patient, mais celui-ci le troubla. Il ne tenta pourtant rien pour le retenir. Il ne voulait pas se l’avouer, mais il allait lui manquer, même si le jeune Dolohov n’était pas très causant, il appréciait sa compagnie. Beaucoup trop même.
« Antonin. Appelle moi Antonin. »
Puis sans attendre, il s’empara de ses lèvres. C’était comme si un dragon avait attendu pour cracher un torrent de flammes dans ses entrailles.
Même après avoir été guérit, soigné, Antonin continua de voir Ivan, en cachette, son oncle n’appréciant pas du tout que son neveu ne fréquente un homme.
C’était leur secret. Un merveilleux secret.
Un secret qui dura deux ans, deux merveilleuses années durant lesquelles Antonin se sentit devenir quelqu’un d’autre. Il n’avait jamais parlé à Ivan de cette colère, de cette rage qui l’animait parfois, à tel point qu’il en faisait souffrir les autres et qu’il en éprouvait de la satisfaction. En fait il n’y songeait presque plus. C’est comme si le médicomage avait aussi guérit son esprit. Il avait encore du mal à déterminer si ça lui plaisait ou non. Pour le moment il ne voulait qu’Ivan et rien qu’Ivan. Il aimait sentir ses lèvres contre les siennes, lui tenir la main quand ils se baladaient en forêt ou l’entendre parler pendant des heures de son métier. Il était devenu sa lumière, son soutient dans cette vie trop sombre et chaotique, il se surprenait à voir une échappatoire à son quotidien déprimant, partir, partir loin, à l’étranger même, bâtir une nouvelle vie avec Ivan.
I was broken for a young age
Taking my soul into the masses
Write down my poens for the few
That looked at me, took to me, shook to me, feeling me
A ce moment là son cœur n’était pas encore tout à fait noir, il restait une lueur d’espoir, de lumière en lui. Ça aurait pu être assez, assez pour le sauver des ténèbres qui avaient déjà commencé à envahir son âme.
Antonin cru vraiment qu’il allait avoir une chance de s’en sortir. Il avait espéré.
Mais un jour, alors qu’il était en compagnie d’Ivan, tout bascula. Les deux hommes avaient profité de l’absence de Dimitri pour se voir chez lui, pour se retrouver sans avoir à se cacher et se retrouver dans une chambre d’auberge ou dans le minuscule appartement s’occupait Ivan.
Ils étaient tellement heureux de pouvoir se voir qu’ils n’avaient même pas pris la peine de fermer correctement la porte, trop pressés, trop désireux du corps de l’autre. Il n’y avait personne d’autre qu’eux, le monde n’existait plus.
Dehors, sur le point d’aller régler quelques affaires en ville, Dimitri se rendit compte qu’il avait oublié sa paire de gants à mi-chemin et fit donc demi-tour pour aller les récupérer. Il monta les marches quatre à quatre et se dirigea vers son bureau pour aller les chercher, quand il passa devant la chambre de son neveu.
La porte n’était pas bien fermée et il n’y aurait pas prêté attention cela dit, il était pressé, si un gémissement plus que suggestif n’avait retenu son attention. Depuis quand son neveu invitait des filles chez lui et sans sa permission ? Non pas que cela le dérangeait, il serait enfin temps qu’il se trouve une fille, voir une potentielle fiancée, mais pas n’importe laquelle. Il tourna la tête quand il entendit un autre gémissement, masculin. Son sang ne fit qu’un tour.
Il entra brusquement dans la chambre et il surprit Antonin en plein ébat avec le médicomage qu’il avait embauché il y avait de cela des mois quand il avait beaucoup trop passé ses nerfs sur son neveu. Les deux étaient à moitié dévêtus et dans une position plus qu’équivoque, allongés sur le lit.
En l’espace de quelques secondes, tout bascula. Dimitri se jeta sur son neveu et le fit valser à l’autre bout de la pièce, l’assommant à moitié. Puis il déchargea une bonne partie de sa colère sur Ivan jusqu’à ce que ce dernier tombe dans l’inconscience.
Puis ce fut au tour d’Antonin de subir la colère de son oncle, plus violente et terrible que jamais.
Au milieu de ça, les insultes, les menaces, tout ça combiné fit resurgir les ténèbres dans le cœur d’Antonin, qui s’étaient tenues bien enfouies, n’attendant qu’une chose, de trouver une occasion de resurgir. Cependant il n’eut pas la force, pas le courage nécessaire de se défendre alors il encaissa les coups, beaucoup moins facilement. A quoi bon lutter de toutes les manières ? Qu’il le tue et qu’il en finisse pour de bon, il en avait assez de toute cette souffrance, de toute cette haine gratuite. Il n’en pouvait plus. Son oncle continua de s’acharner sur lui, bien après qu’il aie perdu connaissance.
Quand il reprit conscience plusieurs jours plus tard, il appris que son oncle s’était arrangé pour faire arrêter Ivan auprès des autorités sorcières, pour l’envoyer au Goulag.
Quand Antonin l’appris, son coeur se brisa. Il était de nouveau seul, sans soutient. Cette fois ci il ne voyait plus aucun espoir de partir, de s’échapper, il se faisait l’impression d’être un insecte pris dans une toile d’araignée. A ce stade là, la mort aurait-été préférable plutôt que de devoir vivre auprès de son oncle pour le restant de ses jours.
Mais ce ne fut rien en comparaison du jour où, un sourire mauvais sur le visage, Dimitri lui appris que son amour était mort là-bas, exécuté pour avoir tenté de s’échapper.
Pour me retrouver. Mort. Ivan était mort. Exécuté par les moldus, par sa faute. Ils auraient du êtres plus prudents, il n’aurait jamais du l’inviter.
Et dans son dos Dimitri riait, se délectait de sa peine et sa douleur.
Singing from from heart ache, from the pain
Take up my message from the veins
Speaking my lesson from the brain
Seeing the beauty through the...
A ce moment là, tout bascula pour Antonin Dolohov. Lui qui aurait pu avoir une chance de se racheter, de guérir, vit tout ses espoirs d’une vie meilleure, d’un espoir de rédemption fondre comme neige au soleil. Debout au milieu du salon, il se laissa tomber à genoux, hurlant alors toute sa peine et sa souffrance. Il avait mal, si mal. Un brasier ardant le brûlait, le consumait, ce n’était plus du désir, c’était de la haine et de la violence qui l’habitait et qui l’habiterait pour toujours.
Il hurla, encore et encore, tandis que son oncle se délectait de sa souffrance. Le voyant ainsi, si misérable à ses yeux, il se pencha sur lui et lui murmura à l’oreille :
« Alors sale pédale, on pleure ? T’es bien comme ta chienne de mère, son portrait craché. J’aurai aimé que tu sois comme moi, comme ton père. »
Son… son père ?
« Elle se débattait, elle luttait bien plus que toi cette putain. T’es comme elle, t’es même pire. T’es faible, tu n’es rien, rien du tout. T’es rien rien d’autre qu’un pédale pleurnicharde, tu s’ras jamais un homme. »
Les pleurs d’Antonin cessèrent soudain. Il essayait d’encaisser la vérité, cette horrible vérité. Il… il était donc le fruit d’une abomination ? Son tortionnaire était aussi son géniteur. Et sa mère…
Les pensées se bousculaient dans sa tête. Puis lentement, comme possédé, Antonin sortit se leva et sortit sa baguette. S’en était trop.
Pain !
You made me a, you made me a believer, believer !
Pain !
You break me down, you build me up, believer
Pain !
I let the bullets fly, oh let them rain
My live,my love, my drive, they came from…
Pain !
You made me a, you made me a beliver, believer !
Doloris. Il regarda le corps de son géniteur, de son bourreau se tordre de douleur, surpris. Il n’avait jamais pensé qu’il puisse se défendre, réagir. Il continua ainsi, alternant parfois avec d’autres maléfices. Les larmes avaient cessées de couler. Son visage était aussi froid que la glace.
Doloris.Depuis combien de temps s’acharnait-il sur celui qui avait gâché sa vie ?
Doloris.Quel joli mot.
Doloris.Quels jolis sons que ces cris de douleur.
Rouge.
Quelle jolie couleur que celle du sang qui coulait des blessures de Dimitri.
DOLORIS !Un rire dément s’échappa de sa gorge alors qu’il voyait celui qui avait été un homme robuste, fier, qui avait terrorisé ses nuits se faire tout petit, gémir comme un enfant apeuré. Un immense sourire de satisfaction imprima son visage en apercevant tâche sombre maculer l’entrejambe de sa victime.
Doloris. Doloris. Doloris.Quelle jolie mélodie. La nouvelle mélodie de sa vie.
Doloris. Bientôt ça serait fini.
Doloris.Encore une fois.
Doloris.Une dernière fois.
Avadaka Kedavra. Terminé.
Les ténèbres avaient gagné.
Pain !
You made me a, you made me a believer, believer !
Pain !
1964-1977
Grâce à l’aide de la magie il lui avait été facile de faire croire à un malheureux accident dans la forêt, une rencontre fatale avec une bête sauvage.
Antonin vécu seul pendant plusieurs mois, noyant la perte d’Ivan dans l’alcool et l’étude de la magie noire. Il lui arrivait de ramener quelqu’un pour la nuit, mais ce n’était pas pareil, ce n’était pas assez satisfaisant.
Puis un jour, il en eu assez de rester ici, dans cette demeure qu’il n’aimait pas et décida qu’il serait temps de voyager, de mettre un pied en dehors des contrées slaves. De fuir le régime qui avait tué sa seule chance de rédemption, même si ça lui faisait mal, parce qu’il aimait son pays, qu’il aimait plus que tout le froid et la neige.
Il emporta avec lui une partie de l’héritage familial, mais ce n’était pas ça qui comptait le plus pour lui. Certaines affaires personnelles, des livres de magie… il retourna aussi dans la maison de ses grands-parents pour emporter ce qui avait le plus de valeur à ses yeux, avant de partir définitivement.
Il visita les continents, ne restant jamais bien longtemps, essayant de profiter de cette nouvelle liberté. Il arrivait même à trouver par moments de quoi gagner sa vie, juste assez pour ne pas tout dilapider. Il avait quand même le sens des responsabilités.
Puis il posa le pied en Angleterre.
C’est là-bas qu’il entendit parler d’un mage noir. Les ténèbres. Elles l’appelaient. Il en était sûr, c’était pour ça qu’il était là, il en était persuadé.
Il avait eu beaucoup de mal à trouver le Seigneur des Ténèbres, celui qui allait devenir son maître, à qui il se dévouerait corps et âme.
Il s’était aperçu que beaucoup de sorciers britanniques se méfiaient des étrangers, en particulier ceux qui venaient de l’Est.
Mais ses efforts furent récompensés quand un des partisans du mage noir vint lui dire qu’en échange de certaines missions, le maître accepterais de le rencontrer et de le faire entrer dans ces rangs. Il se doutait que les choses ne seraient pas faciles pour se faire accepter mais il mena les missions à bien, avec un peu trop de zèle.
Et enfin la récompense. Il garderait toujours en souvenir la sensation de la brûlure sur son bras, celle de la marque qui montrait son appartenance aux mangemorts.
Maintenant il allait montrer au monde qui il était. Il allait prouver qui il était, il allait torturer, accomplir sa tâche et laisser une marque dans l’histoire.