Depuis quelques temps, les cours de potion étaient devenus de plus en plus anxiogènes pour le jeune homme. S’il adorait la matière et qu’il était réellement un élève brillant, la fascination de son professeur pour les élèves les plus intelligent devenait de plus en plus pesante pour Andrew. Les choses auraient été tellement plus simple s’il n’avait pas été l’un des membres de ce club particulier qu’Horace Slughorn avait fondé. Seuls les plus brillants pouvaient prétendre à une place parmi cette élite dont Andrew faisait partit, à son grand dam. Dans d’autres circonstances, il aurait adoré pouvoir discuter avec des gens érudits et cultivés, mais depuis que Paige Dawson avait apprit qu’il en était membre, elle ne le lâchait plus. Si le jeune homme avait comprit ses intentions et son petit numéro depuis le début, sa bonté de coeur et sa gentillesse l’avait empêché de repousser la demoiselle, lui laissant une chance de se montrer plus amicale et agréable que ne le faisait avec les autres. Paige était une bonne comédienne, et Andrew avait fini par croire qu’il était peut-être devenu son ami jusqu’à la fin de ce cours.

Alors qu’il s’apprêtait à passer la porte, Slughorn retint Andrew, prétextant qu’il avait à lui parler, et lui donna une petite enveloppe que le Serdaigle n’avait pas besoin d’ouvrir pour en comprendre le contenu. Malheureusement, tout ça n’avait pas échappé à la Serpentard. Le reste de la journée s’était déroulée avec une vitesse incroyable ! Avant même qu’il n’ait le temps de souffler, Andrew avait déjà terminé les cours, et il avançait dans les couloirs pour retourner à la salle commune des Serdaigle quand une pensée affreuse lui vint à l’esprit : Paige l’attendrait certainement devant. Maintenant qu’elle avait la preuve qu’il faisait bien parti du club de Slughorn, Andrew était convaincu qu’elle ne le laisserait pas tranquille, elle qui voulait à tout prix être au sommet du monde. Aussi, le jeune homme se ravisa, cherchant l’endroit le plus calme qu’il pourrait trouver pour se reposer avec un livre. C’est ainsi qu’Andrew finit par s’assoir au pied d’un arbre près du lac. Si certains venaient ici pour contempler la beauté du paysage, lui, il espérait que ça serait un refuge assez loin de sa camarade de Serpentard.

Malheureusement, Paige finit par le retrouver et vint se planter devant lui avec un sourire qu’il trouvait toujours un peu trop sur-joué. La parfaite petite Serpy jouait à merveille, et même s’il avait déjà comprit, Andrew ne pouvait s’empêcher de jouer dans son jeu. « Bonjour Paige. » Répondit-il alors qu’elle venait de le saluer. Rien de tout ça ne semblait sincère entre la demoiselle savait ce qu’elle voulait, et le jeune homme qui feignait l’ignorance. « Ce soir ? Je vais profiter de ne pas avoir de devoir pour m’avancer dans mes révisions. Passionnant, n’est-ce pas ? » En soit, ce n’était pas réellement un mensonge. Comme à l’habitude, il parlerait certainement de choses très intéressantes et poussées avec Regulus pendant qu’Horace venterait les mérites de son club, et toutes ses choses ennuyantes. Et enfin ! Après des jours et des jours à coller le Serdaigle avec un air faussement niais sur le visage, la Serpentard venait enfin d’avouer ses véritables motivations. « Bien sûr ! Avec plaisir. Seulement… Ça va pas t’ennuyer de passer ta soirée à étudier ? » Demanda-t-il sincèrement, espérant que ça suffirait à la décourager.

Portant le livre qu’il avait dans la main devant ses yeux, Andrew ignora totalement la mention de fête que Paige avait fait. Il aimait penser que l’image qu’il renvoyait suffirait à feindre l’indifférence face à ce genre d’événement mondain qui n’avait d’intérêt que de se montrer sous un jour avantageux sur les portraits. Il n’avait aucunement envie de participer à cette soirée, et encore moins avec Paige. A vrai dire, s’il n’avait aucun raison de lui refuser, il ne voulait pas accepter seulement pour lui faire plaisir alors qu’elle se servait de lui depuis la première fois où elle était venue le voir, un sourire faussement amicale sur les lèvres, et une voix mielleuse. Et puis, pour être honnête peut-être qu’Andrew aimait embêter la jeune femme. Le jeune homme entreprit de lire tranquillement, pensant que la jeune femme trouverait son programme inintéressant, mais que nenni ! Voilà que maintenant, elle s’asseyait près de lui, et sortait déjà presque son matériel pour faire ses devoirs. Un soupire échappa à Andrew alors qu’il referma son livre. C’était plus fort que lui, il était toujours obligé d’être d’une gentillesse tellement agaçante et écœurante.

« Montres moi tes cours alors, je vais t’aider. » Répondit-il, refermant son livre et le posant près de lui. Un sourire aux lèvres, il attrapa plusieurs rouleaux de parchemin dans son sac, ainsi qu’une plume et de l’encre. Au moins, il faisait beau, donc même s’il perdez du temps à expliquer des exercices pour que Paige ne l’écoute à moitié, Andrew pouvait au moins profiter de la brise. Seulement, la jeune femme ajouta à demi-mot qu’elle n’était pas prête de le laisser tranquille et ça, Andrew aurait bien aimé éviter. Si renoncer à la fête de Slughorn ne le dérangeait pas, le Serdaigle n’avait réellement pas envie de devoir affronter Paige jusqu’à ce qu’elle en ait marre et qu’elle le laisse retourner à sa salle commune. « Tu as raison, c’est tellement mieux de faire ses devoirs entre amis. » Dit-il, en accentuant fortement sur le dernier mot, espérant qu’elle se braque totalement et l’abandonne.

Mais Paige n’était pas aussi facile à berner, et il le savait. Après tout, elle était la reine dans l’art de la manipulation. Aussi, Andrew commençait déjà a rédigé quelques mots sur son parchemin, sans qu’ils n’aient réellement de sens. « Mais tu sais… J’avais donné rendez-vous à Mia dans la soirée, et elle ne devrait pas tarder à me rejoindre, donc je vais pas pouvoir rester bien longtemps avec toi. » Là encore, Andrew ne mentait pas réellement. Il devait réellement voir sa meilleure amie, et c’était devenu un excellent argument pour éviter la demoiselle. Surtout qu’il savait très bien que les deux jeunes femmes ne s’entendaient vraiment pas beaucoup.

Au fond de lui, Andrew savait que cette conversation était comme une partie d’échec. Il fallait qu’il avance lentement ses pions, les plaçant comme il le faut, pour réussir à l’emporter sur une adversaire très redoutable. Paige était à l’affût de la moindre petite ouverture, et elle n’hésitait pas à s’y engouffrer pour avoir ce qu’elle voulait. Si le jeune homme soupçonnait la demoiselle de ne jamais vraiment écouter ses conseils, il fut surprit de voir qu’elle sortit ses cahiers presque avec enthousiasme. Quelle était véritablement une bonne comédienne ! Andrew attrapa l’un des parchemins que Paige venait de sortir et commença à le lire. Le sujet était l’une des matières favorites du jeune homme : la divination. Si beaucoup se moquait de cet art, Andrew adorait étudier les étoiles et les astres. Dommage que son professeur n’était pas lui-même un véritable devin. Il aurait tant aimé pouvoir développer ce don ! Retournant le morceau de papier, Andrew fronça les sourcils. Il manquait plus de la moitié du cours, comment pouvait-elle travailler avec ça ? Il fouilla dans son propre sac et en sortit un parchemin avec ce qu’il manquait à la prise de note de la demoiselle. « Et bien peut-être que ça serait plus facile avec le cours en entiers. »

Et puis, comme par miracle, alors qu’Andrew tendait son rouleau de parchemin à la jeune femme, elle commit une erreur. Le jeune homme sourit. Il savait qu’il l’avait déjà bien contrarié en lui parlant d’amitié alors qu’elle repoussait sans cesse tout le monde, se refusant à avoir de véritable lien sans aucun intérêt en retour. « Tu ne m’as pas écouté, Paige. Je n’ai pas de devoir. » Ce n’était qu’une petite victoire, certes, mais ainsi, il avait un argument pour feindre d’être blessé, et le repli vers sa salle commune était maintenant possible. « Je voulais seulement réviser un peu. J’aimerai prendre de l’avance pour mes prochaines évolutions. Je n’ai pas envie de voir ma moyenne baissée. Tu peux recopier ton cours sur le mien, même si ce n’est pas mot pour mot la même chose. Ça sert à ça, les vrais amis. » Cette fois, il insistait à nouveau sur le mot ami, mais également sur le mot vrai. C’était sa façon de faire comprendre à Paige qu’elle avait fait une gaffe, tout en feignant subtilement d’avoir été blessé avec son intonation.

Et puis finalement, il avait joué sa pièce maîtresse, celle qu’il savait être la meilleure pour pousser la jeune femme à renoncer. D’ailleurs, il pensait déjà  la voir ranger ses cahiers, et s’était déjà préparé à dire combien il était attristé de la voir partir quand à la place de l’air agacé au quel Andrew s’attendait, Paige était entrée dans une grande colère. Pire encore, elle venait d’insulter Mia, Le Serdaigle resta bouche-bée devant la jeune femme. Il prit quelque temps avant de réaliser ce qui venait de se passer. « Mais qu’est-ce que tu me fais là ? » Andrew planta son regard dans les yeux de la demoiselle, cherchant une réponse. Était-ce à nouveau une manoeuvre qu’elle tentait dans leur petit jeu ? Non, cette fois, ça semblait réelle. La jeune femme était véritablement en colère. « Qui es-tu pour juger qui j’ai le droit de voir ou non ? Tu n’es même pas capable d’écouter quand je te parle, et tu me fais une crise de jalousie ? Et puis arrêtes avec cette fête ! J’ai seulement promit à Mia que je l’aiderai avec ses devoirs. » Andrew était de nature douce, gentille et adorable, mais la réaction soudaine de Paige l’avait véritablement tant déroutée qu’il avait peut-être était plus agressif qu’il ne l’aurait véritablement voulu.