Mon histoire commence dans la banlieue londonienne, dans un petit village de campagne. C’est un coin plutôt agréable et on profite de la vie un peu comme on l’entend. Les enfants se retrouvaient souvent pour jouer ensemble. Je me souviens quand on jouait à la chasse à l’homme dans les champs, courant à en perdre haleine, croyant que personne ne pourrait nous rattraper tout en riant. Pourtant, dans cette vie pleine de simplicité, j’ai commencé à comprendre que quelque chose n’allait pas chez moi. J’avais cette désagréable impression que des choses étranges se passaient autour de moi quand j’étais en colère ou triste. Les autres ont soudainement commencé à m’éviter. On ne m’appelait plus quand on sortait jouer, je n’existais plus à leurs yeux. Certains disaient que j’étais bizarre, et quelques-uns se moquaient pas mal de mon sort. En fait, c’était un sentiment assez étrange. A croire que l’on n’est pas assez bien pour tout le monde, que l’on ne pourra jamais être qui nous sommes. Les enfants sont cruels et le monde des adultes encore plus. Il faut répondre à certaines attentes de la société pour pouvoir y être intégrée. Sinon, on te juge, on te regarde de haut en bas et on t’en exclu. Quoi qu’il arrive, on apprend toujours ça à nos dépends.

Et je pouvais être acceptée dans un autre monde. C’était assez inattendu. Je revois cet homme frappé à notre porte, prétendant qu’il avait quelque chose à nous annoncer. Il m’a posé énormément de questions mais se montrait assez rassurant. Je me demandais comment il pouvait savoir tout ce qui m’arrivait tout en me comprenant. Et quelle fut la surprise de mes parents d’apprendre que leur petite fille chérie était tout simplement une sorcière déjà inscrite dans l’école de sorcellerie Poudlard. J’ai eu un peu de mal à le réaliser au départ. Mes parents pensaient que c’était tout simplement une mauvaise blague alors que je commençais à croire en cette histoire surnaturelle. Après tout, ne s’était-il pas montré compréhensif avec moi ? Ne comprenait-il pas toutes les choses étranges qui m’arrivaient lorsque j’étais triste et en colère ? J’avais tout raconté à mes parents : mes mésaventures, pourquoi j’étais toujours seule à l’école, comment les autres me traitaient, … Au fil de mon récit, alors que je n’épargnais aucun détail, ils devaient se rendre à l’évidence. Ce n’était pas une mauvaise blague, mais bien une réalité.

Quelques jours après la visite du sorcier, j’avais commencé à imaginer que tout cela n’était qu’un simple rêve. Pourtant, la rentrée arrivait à grand pas. Et quelle fut ma surprise d’apprendre que je devais passer ce mur de pierre pour atteindre la voie 9¾. Je n’avais pas vraiment confiance en ce qui pourrait arriver. J’avais l’impression que je pourrais me faire mal, que toute cette histoire était le fruit de mon imagination et qu’il me faudrait juste retourner à la campagne. Ça ne s’est pas passé comme ça. J’ai juste traversé le mur pour découvrir un quai bondé de sorciers accompagnés de leurs enfants, prêts à monter dans le Poudlard Express pour la rentrée scolaire. J’avais l’impression que la majorité d’entre eux se connaissaient même s’il y en avait qui, comme moi, semblaient totalement perdus. J’étais dans un autre monde et j’avais l’impression de faire tâche dans le décor. Mes parents n’étaient pas très riches et ça se voyait. J’avais un t-shirt un peu trop grand pour moi, il m’arrivait jusqu’aux genoux. Et je ne parle pas de mon jean qui me tombait sur les pieds et qui tenait grâce à une ceinture, ni de mes baskets touées. C’était bien la première fois que je me souciais de mon apparence, d’habitude, je me moquais pas mal de ce à quoi je pouvais ressembler. C’est alors que je vis ce groupe de garçons arriver. Ils étaient quatre et ils arrivaient dans ma direction. Ni une ni deux, je me jetais dans le premier compartiment et me retrouvait nez à nez avec une fille et un garçon, tous deux des premières années. Je regardais le groupe passer. Si déjà on me trouvait bizarre dans l’école moldue, je n’imaginais pas à Poudlard maintenant.

Lors de mon arrivée à Poudlard, je fus impressionnée par l’immensité de ce château. En même temps, c’était la première fois que j’en voyais un. J’avais envie d’y être et c’est arrivé un peu vite. On devait être réparti parmi les quatre maisons de Poudlard et, pour cela, il fallait passer devant tout le monde. Je pris mon courage à deux mains lorsque je fus appelé. Je m’assis sur le tabouret, attendant la décision de ce chapeau étrange. Gryffondor. Je me levais et avançais vers ma table quand je me figeais sur place en voyant qui si trouvait. Je m’asseyais le plus loin d’eux possible. La façon dont j’avais eu de les éviter dans le train était déjà bien assez étrange, je n’avais pas forcément envie d’en parler avec eux.

Mes trois premières années à Poudlard avaient été assez étranges. Je passais mon temps à éviter ce groupe de garçons, même dans la salle commune. A peine j’en croisais un, je montais directement dans mon dortoir. Il faut dire que j’avais encore en tête toutes les moqueries des enfants à l’école moldue. J’avais un peu de mal à me les sortir de l’esprit et, surtout, j’avais vu leur comportement avec un Serpentard. Je n’avais pas envie d’être leur nouvelle cible humaine, c’est pour cela que je les évitais le plus possible. Je laissais cette galère à ce pauvre Serpentard. J’avais eu ma dose de moquerie quand j’étais petite et je n’avais pas besoin d’en rajouter.

Lors des vacances d’été, juste avant mon entrée en quatrième année, un changement commença. J’avais invité Kathleen, la fille du Poudlard Express, devenue ma meilleure amie, à venir passer un séjour chez moi. On parlait de tout et de rien jusqu’à ce qu’elle ouvre mon armoire. Elle m’avait souvent parlé de ma tenue vestimentaire et encore plus de mon manque de confiance en moi. Je voulais protester, mais je savais qu’au fond, elle avait raison. J’ai bien senti son regard réprobateur et elle a commencé à faire le vide. Au final, il ne me restait plus grand-chose. Elle me donna quelques vêtements qui lui appartenait, prétendant qu’ils m’iraient beaucoup mieux qu’à elle, que de toute façon, elle n’en voulait plus. Alors que je faisais semblant de bouder, disant que mon armoire n’était pas une poubelle pour les vêtements qu’elle ne voulait plus, elle m’a regardé le plus sérieusement du monde. Je me souviens encore de ce qu’elle m’a dit ce jour-là : « Si tu veux plaire à un garçon, je t’en supplie, évite de ressembler à un épouvantail. On est en quatrième année, nous ne sommes plus des bébés. Alors, prends sur toi, assume qui tu es, et devient un canon. » Sur le coup, ses paroles m’ont fait rire. Même si elle était très sérieuse, je ne pouvais m’en empêcher. Je voulais être moi-même, m’habiller pour moi et non pour un garçon. Avant de plaire à quelqu’un, il faudrait peut-être penser à plaire à soi-même. Cependant, elle avait raison sur un point, il fallait que j’arrête de ressembler à un épouvantail.

Le jour de la rentrée, j’avais complètement changé d’apparence. Kathleen m’avait fait prendre confiance en moi en me traînant un peu partout dans les boutiques de Londres. Lorsque je retrouvais mes amis, Carter eut du mal à croire que c’était moi, même si je pense qu’il se moquait plus qu’autre chose pour me taquiner. Nous avons passé notre temps dans le Poudlard Express à parler de tout et de rien, à se raconter nos vacances et parler de cette nouvelle année. Lorsque l’on descendit du train et qu’on se dirigeait, comme à notre habitude, vers les diligences. Il restait encore de la place dans celui où se trouvait les quatre garçons que j’avais pris soin d’éviter ces quatre dernières années. Alors que mes amis avaient déjà commencé à s’installer, je les rejoignis sans la moindre hésitation. Je continuais à leur parler, comme si de rien était, sous le regard choqué et surpris de Kathleen. Je crois qu’elle ne s’attendait pas ça, elle pensait que j’aurais pris une autre diligence et que je les aurais rejoints à Poudlard, mais non. Il était temps de changer.

Kathleen m’avait appris à laisser de coter mon histoire dans cette école moldue. Elle m’avait bien remis sur pied. Elle m’avait expliqué que c’était parfaitement normal. Après tout, j’avais été différente dans cette école car je ne pouvais pas être moi-même. A Poudlard, je n’avais pas besoin de cacher qui j’étais, ni ce que je pouvais être. Je n’étais pas bizarre, j’étais comme tout le monde. Kathleen avait su trouver les mots cet été pour me convaincre. J’étais devenue plus sûre de moi et j’agrandissais mon cercle d’amis. J’avais réussi à m’affirmer et je n’hésitais plus pour dire ce que je pensais. Ce changement me valut quand même de connaître l’amour, du moins pendant quelques temps. Je suis sortie avec mon meilleur ami, Carter. Ça n’a pas duré bien longtemps. C’était comme sortir avec son frère et ce n’est pas ce que l’on voulait. Nous n’étions que de simples amis et nous avons longuement discuté de tout ça. Carter avait une véritable place dans ma vie et je n’aurais jamais supporté qu’il puisse s’éloigner. Cependant, il fallait se rendre à l’évidence, ce n’était pas une relation amoureuse qui nous convenait à tous les deux.

Au final, ma quatrième année se déroula plutôt bien, et je ne parle pas de la cinquième. Je n’avais plus peur et ne fuyais plus ces garçons. Il m’arrivait de leur dire bonjour de temps en temps lorsque l’on se croisait. Cependant, il faut dire que je n’ai jamais eu de grandes conversations avec eux, mais je m’en fichais pas mal, ce n’était pas si important. Peu importe d’ailleurs s’ils me trouvaient étrange, l’important c’est que je me sente bien, surtout entourée de mes amis. Maintenant, j’entame ma sixième année et je compte bien continuer sur cette nouvelle lancée.