Les devoirs de groupe.

Fanny n’était pas une adepte de cette pratique. En général elle se retrouvait avec un élève qui se reposait sur elle, sachant qu’elle avait était du genre sérieuse et qu’elle ne faisait jamais les choses à moitié.
Du coup elle se retrouvait avec une masse de travail avec un partenaire qui se tournait les pouces pendant qu’elle épluchais les livres de la bibliothèque et usait ses plumes.

Quand elle le pouvait, elle demandait à travailler seule, surtout en astronomie où elle savait très bien que son partenaire ne ferait rien du tout. La plupart du temps ça ne marchait pas.

Comme cette fois-ci. Enfin elle n’avait pas eu à se plaindre pour une fois. Elle se retrouvait en binôme en devoir d’Histoire de la magie avec Frank Longdubat et elle savait qu’elle pouvait compter sur lui.

Elle ne le connaissait pas beaucoup, juste de vue comme la plupart des enfants venant de familles de sorciers et n’avais jamais eu le temps de vraiment le découvrir.

Mais de ce qu’elle avait pu voir d Gryffondor, c’était quelqu’un de gentil et sérieux. En tout cas il ne s’était jamais moqué d’elle.

Ils avaient donc convenus de se rejoindre à la bibliothèque afin d’y effectuer leurs recherches.



Le sujet promettait d’être intéressant, en tout cas bien plus que le cours en lui même. Le professeur Binns était d’un ennui…

Avant de partir vers la bibliothèque, la Serdaigle vérifia qu’elle avait bien tout emporter avec elle : plume, encre, parchemins, notes de cours… ainsi qu’un ouvrage provenant de la salle commune qui pourrait sans doute s’avérer utile. Elle n’avait pas envie d’oublier quelque chose et de résoudre une énigme juste pour un parchemin. Surtout que ce contre-temps pourrait s’avérer être long si l’énigme était pénible et difficile.

Se rendant compte qu’elle risquait d’être en retard, Fanny se dépêcha, descendit les longs escaliers et déambula dans les couloirs pour rejoindre son binôme à la bibliothèque.  

Arrivant enfin devant un des endroits qu’elle préférait à Poudlard, Fanny commença à chercher du regard Frank. Ils auraient peut-être aussi du se dire où ils comptaient s’installer, histoire d’éviter de chercher partout.

Elle pris quand même le temps de saluer Mme Pince et de lui demander si elle pouvait leur trouver des livres sur la Révolution Français, expliquant rapidement son sujet à la jeune bibliothécaire. Lui promettant de faire son possible, Fanny la quitta pour retrouver Frank, si il était là bien sûr.  

Heureusement pour elle, elle ne mit pas longtemps à le trouver, la bibliothèque était plutôt grande et on ne s’en rendait pas forcément compte. On pouvait s’y perdre si on ne faisait pas attention, Fanny en avait fait l’expérience lors de sa première année.

Frank ne semblait pas l’avoir tout de suite remarquée. Il avait choisit une table près d’une fenêtre et contemplait le paysage l’air rêveur.

Posant son sac sur la table avec le plus de douceur possible, elle s’installa en face de lui et se racla la gorge.

« Bonjour ! Je suis désolée, je suis en retard ! Je t’ai fait attendre, pardon… je demandais de l’aide à Mme Pince, elle va essayer de nous trouver quelques ouvrages et j’en ai trouvé un dans notre salle commune et… oh pardon, je suis désolée, comment vas-tu ? »

Autant pour la politesse… Frank n’avait pas l’air ennuyé ou d’avoir trop attendu mais on ne savait jamais.

Bon au moins Frank n’avait pas l’air en colère contre elle, elle détestait faire attendre les gens.

« Oh ce n’est pas grave, c’est moi qui suis en retard, je voulais être juste sûre de ne rien oublier pour travailler et éviter de remonter dans ma salle commune, je nous aurait fait perdre du temps. C’est gentil de m’avoir attendue en tout cas. »

Bon ce n’est pas comme si ils avaient le choix aussi, ils devaient travailler ensemble et ça n’aurait été correct ni pour l’un ni pour l’autre de ne pas s’attendre et faire le travail chacun de son côté sans en faire profiter l’autre.

Elle remarqua son air gêné et son empressement à vouloir cacher un dessin, un portrait qu’elle n’eut pas le temps d’identifier. Il avait l’air réussi et ne voyait pas vraiment pourquoi il devait s’en cacher mais elle ne lui fit aucune réflexion à ce sujet, ne voulant pas paraître indiscrète et ayant elle aussi ses propres secrets, comme des certaines revues d’astronomie moldues qu’elle cachait précieusement.

Elle lui octroya un sourire en voyant son air étonné.

« Oh ce n’est rien tu sais, je me suis dit que ça nous éviterais de perdre nous même du temps à chercher les bons ouvrages, Mme Pince connaît mieux la bibliothèque que quiconque, elle sera plus apte à nous aider. »

Elle sortit de son sac une plume et un encrier, ainsi qu’un morceau de parchemin, ledit ouvrage qui provenait de la bibliothèque de sa salle commune, ainsi que son carnet de notes. Ce dernier était un peu plus abîmé que les autres, parce qu’elle s’en servait assez souvent pour y noter ses différentes idées, en vrac, et qu’il était aussi couvert de dessins d’étoiles et de constellations, tout comme les pages. Elle s’y retrouvait parfaitement dans ce méli-mélo de notes et de dessins mais sûrement pas Frank.

« J’ai eu quelques idées pour le devoir mais pour te dire la vérité, je n’y connais pas grand-chose à l’histoire de France, que ce soit chez les sorciers ou les moldus, alors j’ai juste noté quelques dates, comme celle de la prise de la Bastille et des personnalités importantes comme le roi… enfin ce genre de choses, histoire d’avoir quelque chose en tête. »

C’est à ce moment là que Mme Pince arriva, les bras chargés de trois gros ouvrages qu’elle déposa sur la table en souriant.

« Voilà ce que vous m’avez demandé Miss MacDougall. Mr Londubat. Si jamais vous avez besoin d’autre chose je suis à mon bureau. Tâchez de ne pas faire trop de bruit en travaillant. »

Ils la remercièrent en promettant, même si Fanny savait très bien que la bibliothécaire trouverait bien une excuse pour leur demander de baisser d’un ton à un moment ou à un autre, même avec elle, Mme Pince trouvait toujours un prétexte. Oh ce n’était pas ça qui allait la déranger.

Pendant quelques instants, les deux élèves entreprirent de prendre quelques notes et d’échanger différentes idées, le plus silencieusement possible, ne levant le nez de leurs parchemins que pour se parler. Mais très vite Fanny remarqua que quelque chose ne semblait pas aller avec Frank et elle ne savait pas quoi. Oh il travaillait, elle n’avait pas à s’en plaindre, c’est pour ça qu’elle était contente de faire ce boulot avec lui mais il avait l’air ailleurs, comme si quelque chose occupait son esprit. Elle l’avait remarqué parce qu’elle était incapable de se déconcentrer lorsqu’elle travaillait et avait bien trop eu l’expérience des élèves distraits en face d’elle lors d’un travail de groupe pour ne pas le remarquer. Il griffonnait aussi dans un coin de parchemin, un peu comme elle, sauf que ce n’était pas des étoiles. Et il jetait de temps à autre des coups d’oeil dehors, comme si il espérait apercevoir quelque chose ou quelqu’un.

Finalement elle décida de se racler la gorge.

« Hum… Frank ? Tout va bien ? Je… enfin tu m’as l’air assez distrait. Je ne me plains pas, mais ça fait trois fois que tu notes la date de la convocation des États généraux sur ton parchemin. Je sais que nous ne sommes pas très proches mais si tu as un soucis tu peux m’en parler. »

Elle lui offrit un autre sourire, sincère, espérant qu’il comprendrait qu’il pouvait vraiment lui parler et qu’elle ne disait pas seulement ça pour le devoir afin de le finir ou qu’elle était agacée.
Au contraire. Il faisait partit des rares à ne pas se moquer d’elle et puis il y avait quelque chose dans son regard, d’un peu lointain, perdu, rêveur, qui semblait occuper son esprit, au point de le détourner du travail. Elle se demandait comment c’était possible.

A voir la mine étonnée de Frank, Fanny avait l’impression qu’elle venait d’accomplir un exploit. Elle avait juste été demander de l’aide, pas lâcher des lutins de Cornouailles dans la salle des professeurs !

Mais en même temps elle devait avouer que la bibliothécaire avait son caractère et qu’il fallait faire avec. Mais c’était sans doute son amour pour les livres qui avait fait que Mrs Pince ne lui jetait pas des regards assassins. Elle avait du comprendre que pour elle aussi, les livres étaient comme des trésors qu’il fallait protéger à tout prix.

Elle lui montra ses notes, qu’elle avait essayé de rendre le plus lisible possible. Elle avait tendance à écrire en pattes de mouche sur son carnet et était aussi, accessoirement, la seule à y comprendre quelque chose, mais comme cette fois ci elle ne serait pas la seule lectrice, elle avait fait un effort pour que le pauvre ne perde pas trop de temps à essayer de déchiffrer ses hiéroglyphes.

« Moi non plus en fait, juste quelques bases… c’est vrai que c’est assez flou et puis comme ça se passe en France, c’est normal qu’on ne trouve pas autant d’informations à ce sujet ici. Mais j’imagine que ça doit être passionnant... »

Et surtout sanglant, d’après ce qu’elle avait pu comprendre, les moldus s’étaient servis d’une machine appelée « guillotine » pour trancher les têtes des indésirables. Mais il n’y avait pas que ça. Honnêtement elle ne comprenait pas trop le sujet, elle avait surtout l’impression que cette Révolution était une affaire de moldus, mais si le professeur Binns leur avait donné ce sujet, c’était pour une bonne raison.

Elle se mordilla la lèvre pour ne pas rire en voyant que Frank la regardait avec des yeux ronds. Mrs Pince faisait-elle donc si peur que ça ? Encore une fois Fanny n’en n’avait pas vraiment l’impression, mais sans doute était-ce lié non seulement au fait qu’elle aimait lire et qu’elle était sérieuse, mais aussi qu’elle avait tendance à bien s’entendre avec les professeurs et le personnel de Poudlard en général. Vu qu’elle ne cherchait pas trop la compagnie des élèves, elle se sentait plus à l’aise avec eux.

Le nez plongé dans une page décrivant le rôle des sorciers présents à la cour royale, ils étaient quand même nombreux mine de rien, Fanny prenait des notes, espérant trouver quelque chose de particulier… elle ne connaissait pas les noms de tous ces nobles qui avaient utilisé de leur magie pour s’élever et êtres parmi les favoris du roi et de la reine. Elle nota les noms de Jeanne de la Motte et de la duchesse de Polignac, cracmolle pour la première et sorcière pour la deuxième, se promettant de faire des recherches plus approfondies sur elles plus tard.

Mais si elle était devenue subjuguée par les affaires de cour et de la déchéance progressive de la famille royale, elle ne pu s’empêcher de remarquer que Frank avait l’air ailleurs. Et elle était aussi intriguée.

En le voyant essayer de se justifier, elle ne pu s’empêcher d’arquer les sourcils, comme pour lui dire « je ne suis pas dupe ».

Mais elle l’écouta, après tout peut-être qu’il avait de sérieux soucis.

« De la part de la fille qui vit la tête dans les étoiles oui, c’est assez.. remarquable même. Oh je vois… je ne sais pas si je pourrais t’être d’une grande aide, je ne sais pas si tu l’a remarqué mais je suis plus souvent toute seule qu’avec des amis. Comment ça ne plus te parler ? Je ne sais pas vraiment de quoi tu parles mais peut-être que tu as dit quelque chose de travers et qu’elle l’a mal pris ? Tu as essayé d’en parler avec elle, de voir ce qui n’allait pas ? »

Elle n’était sans doute pas d’une grande aide dans ce genre de cas, mais elle pouvait toujours essayer de l’aider. Elle pris néanmoins bien garde à ne pas parler trop fort, même si elle savait que Mrs Pince était soit retournée à son bureau, soit dans la réserve et pouvait donc, de là où ils étaient, difficilement les entendre. Mais on était jamais trop prudents.