La neige qui tombe sous son regard sombre. Le gamin glisse une main dans ses boucles sauvages pour les tirer en arrière, gêné par quelques mèches lui chatouillant le visage. Les doigts qui viennent ensuite tapoter contre sa cuisse, alors qu'il termine finalement son devoir d'Histoire de la magie, non sans grogner de mécontentement. Passer tout son samedi matin sur cette horreur lui aurait presque filer des boutons. Une pause entre midi et deux et il a encore mis une bonne heure avant de glisser un point final sur son parchemin tâché par endroits. Pas très soigneux, le Black, mais cela lui importe peu. Tant qu'il obtient une bonne note. Tant qu'il obtient les notes désirées aux A.S.P.I.C.S pour devenir Auror, le gamin n'a pas à se plaindre. Il sourit en y pensant, plutôt impatient à l'idée d'entrer au ministère de la magie. La guerre qui approche. Les tensions qui se font de plus en plus violentes. Sirius le sait. A Poudlard ils sont en sécurité ; tenus à l'écart. Mais pour combien de temps encore ? La mort de ses parents n'est qu'un début et même si cela a pu toucher Regulus, lui, n'a pas versé la moindre larmes. Soulagé d'un poids, Sirius se permet de sourire un peu plus souvent qu'auparavant. Parce que cette menace familiale n'est plus au dessus de sa tête, telle une épée de Damoclès. Un destin qui se montre plus doux. Un futur loin d'une maternelle tortionnaire et d'un paternel désireux de marier son frère et lui, à des filles de bonnes familles.

Le jeune Gryffondor enfile finalement un manteau d'hiver assez chaud, accompagné d'une capuche en fausse fourrure. L'envie d'aller se changer les idées dans le parc près du lac du château se fait de plus en plus pressente. Il presse gentiment l'épaule de James et de Remus avant de s'éloigner, les laissant tranquilles tous les deux. Par moments, le sang pur a besoin d'être un peu seul et pourtant, il ne dit jamais non à de la bonne compagnie. Ses meilleurs amis sont tout pour lui. Autant que Regulus, d'ailleurs, même si le cadet de la fratrie Black semble avoir parfois du mal à le croire. Le bruit des chaussures qui crépitent contre le duvet blanc recouvrant le paysage à des kilomètres à la ronde. Sirius sourit tendrement, quand de doux souvenirs viennent éclairer sa mémoire. Des rires enfantins, rires cristallins. Des batailles de boules de neige qui le faisait crier de toutes ses forces. Il courait à en perdre haleine, les poumons glacés par la fraîcheur de l'air. "Frank. Je ne pensais pas te trouver ici. J'aurais plutôt parié à te trouver près d'Alice." Taquine gentiment Sirius, un sourire narquois étirant soudainement ses lèvres, alors qu'il vient donner une tape amicale contre son épaule. "Ca fait du bien, de voir un peu de neige, même si je préfère l'été." Avoue Sirius, tout en regardant autour d'eux, plutôt détendu, pour une fois.