« Miss MacDougall ! »

Fanny sursauta, manquant de faire tomber l’objet qu’elle tenait dans ses mains sur le sol.
Assise à même le sol, sa baguette coincée derrière l’oreille et illuminée d’un lumos, la jeune Serdaigle était occupée à démonter, oui démonter un télégraphe.

Ce n’était pas son projet au départ et le matin même encore, elle ignorait totalement ce qu’était un télégraphe. Elle ne suivait pas le cours d’étude des moldus et il fallait dire qu’en dehors du domaine de l’astronomie, Fanny n’accordait pas grand intérêt au monde moldu. Ils avaient parfois des inventions et des métiers bizarres, par exemple ceux qui restaient enfermés dans des boites pour divertir les autres en chantant ou en leur donnant des informations. Comment pouvait-on accepter de se faire miniaturiser et enfermer toute la journée, et se faire observer par tant de monde en plus ?

De plus suivre cette option n’aurait pas été une bonne idée compte tenu de son milieu.

Alors pourquoi la jeune écossaise était-elle en train de démonter un télégraphe ?

Pour voir comment il fonctionnait, tout simplement. Quand elle avait vu un de ses camarades en train de faire un schéma de l’appareil dans leur salle commune, sa curiosité avait été piquée. La jeune fille avait donc été lui demander ce qu’était l’objet et il lui avait expliqué qu’il s’agissait d’un des tous premiers appareils que les moldus avaient inventé pour communiquer à distance. Pendant longtemps les moldus s’étaient servis de cet appareil, qu’ils avaient perfectionné au fil du temps, pour finalement l’abandonner et utiliser d’autres moyens de communication beaucoup plus performants.

Et depuis Fanny avait développé une obsession pour cet appareil. Pouvoir envoyer des messages aussi lointains, et aussi rapidement, c’était fascinant. Bien plus pratique qu’un hibou, il fallait l’avouer. L’idée de devoir utiliser un code, le morse, était aussi intéressante, même si elle ne comprenait pas le lien avec l’animal.

En fait, ce que Fanny avait en tête en démontant l’objet, c’était de pouvoir le perfectionner par la suite avec la magie. Et dans ce projet fou, la Serdaigle avait pour ambition de faire en sorte que les messages puissent êtres envoyés loin, très loin, bien au-delà des mers.

Dans l’espace. C’était sans doute l’idée la plus folle qu’elle aie eu depuis ses sept ans, quand elle s’était mis en tête d’inventer une nouvelle couleur et de mélanger tous les pots de peinture de son père. Le résultat avait été une couleur proche d’un mélange de morve et de diarrhée et une semaine entière de punition de la part de son père.

Mais Fanny y croyait dur comme fer et avait donc passé une bonne heure à trouver comment démonter l’appareil « emprunté » dans le placard de salle d’étude des moldus, des feuilles de notes et des schémas éparpillés autour d’elle.

Mais le destin en avait décidé autrement.

Une ombre s’abattit sur elle et sans qu’elle n’eu besoin de lever la tête, Fanny su qu’elle allait avoir des ennuis. Le professeur Slughorn se tenait planté devant-elle. Elle avait reconnu les costumes trois pièces chers au maître des potions.

« Miss MacDougall ! Que faites vous ? »

Oh oh. Il n’avait pas l’air content, du tout, du tout.

Fanny s’empressa de se relever. Effectivement le directeur des Serpentard semblait mécontent.

« Professeur ! Je… je… je voulais juste. Le… je me disais que je pouvais… enfin je voulais envoyer des messages… et je ne pensais pas... »

Le professeur Slughorn fronça les sourcils, mécontent mais surtout surpris.

Fanny MacDougall était une des élèves les plus sérieuses de l’école, même si elle n’était spécialement douée en potions, elle se débrouillait bien et il n’avait jamais eu à s’en plaindre.

Là elle ressemblait à une enfant prise sur le fait. Il se pencha, jeta un coup d’oeil rapide aux notes et aux schémas qui représentait un objet qu’il ne connaissait pas, et attrapa dans ses grosses mains l’objet du délit.

Il n’avait aucune idée de ce qu’était cet objet, ni son utilisation mais il était sûr d’une chose, la Serdaigle n’avait pas eu le droit de le prendre, ni de le démonter de la sorte.

« Vous avez démonté cet objet ? Pourquoi ? Vous ne suivez pas l’étude des moldus il me semble. Vous avez demander l’autorisation pour ça ? »

L’étudiante baissa la tête, se dandinant légèrement. Il s’en doutait.

« Je voulais juste le démonter pour comprendre comment il fonctionnait. Et je pensais l’améliorer. Cet appareil sert à envoyer des messages, je pensais pouvoir le perfectionner pour...
- Pour quoi Miss ? Répondez et soyez honnête, sinon j’enlève cinquante points à votre maison. »

Bon, sans doute qu’il n’irait pas jusque là, mais une petite menace de ce genre ne pouvait pas faire de mal.

« Je pensais pouvoir envoyer des messages dans l’espace. »

Le maître des potions faillit lui aussi lâcher l’appareil qu’il tenait toujours dans ses mains. Dans l’espace ? Des messages ? Pour quoi faire ?

« Pourquoi une telle idée ? Il n’y a personne qui vit dans l’espace ! Par la barbe de Merlin, c’est absurde ! 
- Non ! »

La virulence de l’élève le surpris. Apparemment il venait de toucher à un point sensible.

« Ce n’est pas absurde ! Il y a peut-être de la vie dans l’espace, dans d’autres galaxies ! Mais on ne sait pas parce qu’on a jamais essayé ! Peut-être même qu’on essaye aussi de nous contacter mais on n’arrive pas à recevoir les messages ! Je me disais qu’en le perfectionnement, on pourrait envoyer un message et découvrir que nous n’étions pas la seule planète peuplée de l’univers ! »

Par Merlin… Edwin Lewitt, son collègue qui enseignait l’astronomie, ne plaisantait pas quand il parlait de la passion démesurée que la Serdaigle portait à cette matière.
A bien réfléchir, ce comportement était typiquement celui d’un Serdaigle. Curieux, passionné, créatif… La jeune MacDougall n’avait pas démonté cet appareil pour rien, elle avait un projet derrière. Elle n’avait pas eu l’intention de démolir intentionnellement l’objet.

« Ce n’est pas la question Miss MacDougall. Vous venez d’abîmer un objet de l’école, un objet d’étude, sans en demander la permission. Je vais devoir en informer le professeur, ainsi que votre directeur et vos parents. Ce n’est pas un acte anodin. 
- Non ! Pas mes parents, s’il-vous-plaît ! J’irai en retenue si vous le voulez mais ne les prévenez pas… ils… ils ne comprendraient pas et j’aurai de plus gros ennuis. Je ne recommencerais pas, promis !»

Devant l’air paniqué de son élève, le professeur s’adoucit.

« Très bien. Mais vous serez quand même punie. Vous allez remonter cet appareil et présenter  vos excuse à votre professeur. Et je vous donnerais un devoir de potions que vous effectuerez avec moi en retenue, c’est bien compris ? »

Fanny hocha la tête.

« Oui professeur… je suis désolée. Ça ne se reproduira plus. Merci. »

Le professeur l’aida ensuite à rassembler ses notes et ses schémas, ne pouvant s’empêcher d’ouvrir des grands yeux étonnés devant ce projet loufoque. Où allait-elle chercher ça ? Une vie extra-terrestre, par Merlin c’était absurde !

Fanny estimait s’en être bien sortie, une retenue ce n’était pas plaisant mais ce n’était pas la mer à boire non plus. Mais en arrivant deux jours plus tard dans le bureau de son professeur pour effectuer sa retenue, qui consistait en réalité à confectionner des potions pour un cours de quatrième année, le professeur s’était rendu-compte qu’il lui manquait des ingrédients dans sa réserve.
Si ils n’allaient pas êtres nécessaires pour les potions qu’ils allaient réaliser ce soir, il allait en avoir besoin pour les cours à venir et il n’avait pas le temps d’en commander, ni d’effectuer des achats. Il était en effet invité à dîner chez une amie et ne pouvait pas faire de détour cher un apothicaire.

« Je peux aller vous en chercher si vous voulez. Il y a une sortie à Pré-au-Lard demain. Vous n’avez qu’à me faire une liste. »

La proposition était sincère et n’était nul besoin de se racheter. C’était même de la reconnaissance. Si le professeur Slughorn en avait parlé à ses parents, elle aurait eu de gros ennuis. Et elle ne voulait pas de ça.

« Ça ne me dérange pas, je peux le faire. Je devais aller chercher une commande de livres de toutes les manières. »

Le professeur hésita avant de finalement accepter. Après la retenue, il dressa une petite liste d’ingrédients manquants et la quantité dont il allait avoir besoin, ainsi que la somme d’argent nécessaire. Il savait qu’il pouvait lui faire confiance sur ce terrain là et ne voulait pas qu’elle dépense son propre argent.

Le lendemain Fanny avait donc rejoint les élèves qui partaient pour Pré-au-Lard et s’était dirigée aussitôt vers la libraire pour aller récupérer ses livres, des ouvrages d’histoire de la magie et avait ensuite était chez l’apothicaire. Bien que surpris de sa visite, il ne posa pas plus de question et fournit à Fanny les ingrédients demandés par le professeur de potions.

Bien, sa mission était remplie, elle avait du temps libre pour elle. Elle se promena un peu, ruminant encore malgré elle de voir son projet de communication spatial envolé. Enfin elle n’allait pas baisser les bras comme ça, elle trouverait d’autres moyens.
Son regard fut attiré par la boutique Honeydukes. Comme toujours la boutique était attirante et Fanny ne résista pas à la tentation d’entrer y jeter un coup d’œil.

L’odeur sucrée lui chatouilla le nez et elle commença à faire le tour de la boutique entre les élèves fascinés par les variétés de friandises. Pour sa part Fanny préférait les biscuits et le chocolat. Se frayant un chemin entre une démonstration d’un sorbet qui faisait flotter, elle se planta devant le stand de barres de chocolat. Quels parfums proposaient-ils cette fois ci ?

Orange, framboise… Fanny passa rapidement son chemin. Tout comme pour les noisettes et le pralin.
Menthe… basilic… romarin. Pourquoi pas ? Fanny attrapa une barre à l’emballage criard et observa l’étiquette d’une barre de chocolat-cannelle avec intérêt, quand elle entendit une voix râler derrière son dos.

« Mais quel débile, pourquoi t’es dans l- »

Fanny se retourna vivement. Qui osait l’insulter ? Gratuitement en plus ? Elle allait remettre à sa place le malotru quand elle se retrouva face à un homme beaucoup plus âgé qu’elle, qui se mit à parler avec un débit aussi rapide que le siens lorsqu’elle parlait d’astronomie.

Si il commença par s’excuser, il finit par l’effrayer. Comment la connaissait-il ? Ce n’était pas un ami de ses parents, elle s’en serait souvenue.
Bon peut-être le fait qu’elle portait ce jour là une jupe aux couleurs du clan MacDougall et une broche en forme de corbeau, un de ses symboles jouait beaucoup mais elle doutait qu’il ne soit un spécialiste des clans écossais, surtout en entendant son accent irlandais.
Prise d’une légère panique, Fanny jeta des coups d’œil inquiets autour d’elle, demandant silencieusement de l’aide, mais ils étaient tous plongés dans leurs achats.

Avant qu’elle n’eu le temps de se demander si elle pouvait lui enfoncer la barre de chocolat dans la bouche pour le faire taire et s’enfuir, il s’était présenté et lui rappela alors une soirée, un vernissage organisé pour présenter les œuvres de son père. Peut-être l’avait-elle croisé là-bas, il y avait eu tellement de journalistes avec qui elle avait parlé ce soir là qu’elle ne s’en souvenais plus. Il fallait dire que les toiles de son père avaient eu un franc succès, sa réinterprétation du mythe de Circé était tout simplement splendide.

Hésitante, Fanny tendit la main à son tour. Il n’avait pas l’air méchant ce Mr Ó Ceallaigh mais elle restait sur ses gardes, on ne savait jamais.

« Euh… bonjour, enchanté. Je.. oui c’est ça, mais comment… je veux dire que faites vous ? »

Elle essaya de se maîtriser. Si jamais il s’avérait être quelqu’un de mal attentionné, il sentirait tout de suite sa peur et elle ne pourrait plus s’échapper. Dans ce genre de situation, on lui avait donné plusieurs conseils. Sa mère lui avait conseillé de crier mais Fanny s’en sentit soudain incapable, les elfes lui avaient dit de s’enfuir et de courir sans s’arrêter mais elle aurait bien du mal ici et son père lui avait conseillé de donner un coup de pied bien placé.

« Je… vous pouvez m’appeler Fanny.. mais pourquoi moi ? Vous ne pouvez pas directement demander à mon père ? »

C’est vrai ça. Mais en fait, Fanny avait sans doute sa petite idée… à tous les coups il s’était fait jeter par son père.
Il fallait dire que son père était plus que têtu et borné et quand il ne voulait pas parler…
C’était un miracle qu’il ose venir l’approcher en fait, quand on connaissait son père, il pouvait se montrer tellement… papa-ours avec elle. C’était peut-être un fou en fait, était-il au courant que son père était capable de lui arracher la tête si il effrayait sa fille ?

Le moment de colère que Fanny avait pu ressentir était tombé. Elle commençait à se demander si elle aurait mieux fait de ne pas démonter ce télégraphe et de trouver un autre moyen de finaliser ses projets de communication inter-spatial.

Sa prise se referma légèrement sur le sac qui contenait les ingrédients pour le professeur Slughorn et ses livres, légèrement tendue par la situation. L’homme en question avait beau lui paraître aimable et souriant, un peu trop même, elle restait sur ses gardes, on ne savait jamais.  

En réalité elle n’avait pas l’habitude d’être apostrophée de la sorte, qu’on ne la reconnaisse et qu’on aille vers elle, même en appartenant à une famille de la noblesse écossaise.
Elle était solitaire, ne cherchait pas spécialement la compagnie des autres, elle restait tranquillement dans son coin à étudier les cartes du ciel et ça lui suffisait.

Pourtant, sans réellement savoir comment, la peur de Fanny commença à disparaître. Pas totalement, juste assez pour qu’elle se détende. Ce journaliste était un vrai moulin à paroles et elle réalisa qu’elle devait lui ressembler quand elle se lançait dans ses discours sur l’infinité de l’espace ou sur la position de Mars dans le ciel. Et puis à l’entendre parler de cette manière, il lui donnait envie de sourire, mine de rien. Il avait l’air d’être ce genre de personnes toujours souriantes et heureuses. Espérant pouvoir en placer une devant ce moulin à paroles, elle fut contente de le voir prendre une pause pour lui répondre.

Elle ne devait sans doute pas faire ça, c’était dangereux, elle le savait mais son éducation prenait le dessus malgré elle. Toujours être aimable et polie avec les adultes, courtoise.

« Je suppose que ça doit vous manquer tout ça. Enfin je suppose que vous avez fait votre scolarité à Poudlard aussi, comme presque tout le monde ici. Oui, nous avons le droit à une à deux visites par mois mais c’est rare que je m’y rende, je préfère le calme et je suis en dernière année, je vais passer mes ASPIC, je dois étudier encore plus, je n’ai pas le vraiment le temps d’aller m’amuser mais je devais faire quelques achats pour un de mes professeurs alors je me suis dit que je pouvais en profiter pour me balader. »

C’était sans doute une bonne idée de mentionner son professeur, comme ça si il était réellement mal intentionné, ce que Fanny commençait à fortement douter, il saurait qu’elle était attendue et que sa disparition serait remarquée.
Les ASPIC… ils étaient dans encore longtemps mais Fanny se préparait déjà mentalement à les passer, quitte à se priver de sorties comme celle là.

Elle ne put s’empêcher de sourire. Pas concluant. Tu parles, elle était sûre que son père ne s’était même pas donné la peine de sortit de son atelier, laissant sa mère ou les elfes se charger de le mettre à la porte. A moins qu’il n’ai décidé de jouer le highlander et avait du le traiter d’elle ne savait qu’elle insulte gaélique. Le pauvre.

« Oh je vois… mon père n’aime pas trop parler de lui, sauf quand il s’agit de jouer les chefs de clan, j’en suis navrée pour vous. »

Elle sourit d’avantage en l’entendant complimenter le travail de son père. Elle en était très fière et cette remarque lui fit oublier un moment sa peur et son appréhension. 

« Vous trouvez ? C’est vraiment gentil de votre part, c’est vrai qu’il est talentueux mais il reste assez évasif à ce sujet, c’est une passion pour lui, pas un travail, vous comprenez ? »

Elle ne voulait pas lui donner de faux espoirs mais elle tenait à le mettre au courant. Angus MacDougall était têtu et rien ou presque ne pouvait le faire changer d’avis.

« Je pourrais essayer de lui parler, mais je ne promets rien. »

Si elle avait eu son père en face d’elle, elle l’aurait amadoué à coup d’yeux doux et de câlins. C’est ce qu’elle faisait quand elle voulait quelque chose ou chercher à se faire pardonner, et ça marchait en général. Sauf que là elle risquait de ne pas voir son père avant un moment.

« Je vous promets de lui envoyer une lettre ou même plusieurs. Je ne pense pas pouvoir le voir avant Noël et encore, je ne sais pas si je rentrerais chez moi à ce moment là, il faut que je révise mes cours… hum... »

Elle réfléchit quelques instants, se demandant si c’était vraiment prudent. Ici il y avait du monde, il ne pouvait rien tenter, alors que dehors il avait plus de chance de lui faire du mal si il le voulait vraiment. Mais elle avait plus de chance de s’enfuir.

Et puis à tout bien réfléchir elle pouvait bien répondre à quelques questions, ça lui ferait une ébauche d’article et au pire son père serait en colère contre elle mais ce n’était ça qui allait lui faire peur.

« Je veux bien en discuter ailleurs si cela ne vous dérange pas… je… je n’aime pas trop la foule, je préfère les endroits calmes. Et je crois que ça deviendrais suspect cet échange de courrier, mes parents ne me surveille pas tant que ça mais si jamais un professeur s’en aperçoit, je ne souhaite pas vous apportez d’ennuis. »

Déjà qu’elle était obligée de passer par son professeur d’astronomie pour obtenir les fameuses revues moldues sur l’espace, elle n’allait pas se rajouter des ennuis supplémentaires avec le courrier.

Elle lui offrit un autre sourire, autant paraître aimable, lui offrir une autre image de sa famille qu’un grand écossais bourru et barbu prêt à dégainer une hache à tout moment.  

Sa prise sur le sac se desserra lentement. Sans trop savoir comment, Fanny se sentit moins apeurée. Toujours sur ses gardes bien sûr, on n’était jamais trop prudent, mais assez pour se sentir détendue et plus souriante, moins méfiante.

Il avait vraiment l’air gentil mais le problème n’était en fait pas forcément lui mais elle. Elle n’était pas vraiment du genre à aller vers les autres, sauf en cas de nécessité et il avait l’air d’être son exact opposé.

Encore un peu nerveuse, elle leva la main pour placer une de ses mèches de cheveux derrière l’oreille, puis elle la baisse pour lisser un pli imaginaire de sa jupe.

« Je… je suppose. Je veux dire que la fin de l’année me semble si lointaine et si proche en même temps, je n’arrive pas vraiment à me faire à l’idée que c’est ma dernière année à Poudlard. C’est vrai qu’il y a des endroits que je ne connais même pas, des passages secrets inexplorés et des salles qui refusent de s’ouvrir même si je leur demande poliment. Mais il existe aussi des endroits que je connais par coeur, comme la bibliothèque ou la tour d’astronomie, je suis capable d’y avancer les yeux fermés. »

Elle marqua une pause. Il venait de titiller sa curiosité en mentionnant ses origines. Toutefois comme elle ne voulait pas sembler indiscrète et malpolie, elle se contint.

« Oh, vous… vous êtes d’origine moldue ? Je ne veux pas vous semblez indiscrète, même s’il arrive que des élèves d’origine sorcière ne connaissent pas tout sur Poudlard. N’allez pas croire que j’ai des préjugés sur les moldus ou quoi que ce soit, c’était juste de la curiosité, je suis désolée si j’ai été impolie. Je suis à Serdaigle… et il faut bien que je lui fasse honneur en étudiant, je tiens absolument à appliquer la devise de la fondatrice « Tout homme s’enrichit quand abonde l’esprit », alors ça ne me dérange pas tant que ça de rester enfermée à réviser, du moment que je peux apprendre de nouvelles choses. »

Elle se se mordilla de nouveau la lèvre, espérant qu’elle ne passait pas non plus pour une espèce de rat de bibliothèque, même si il y avait une part de vrai dedans. Elle se sentit soudain un peu gênée. Si il savait...

« Oh euh… en fait… je voulais vraiment aider le professeur Slughorn, vous l’avez sûrement connu. Je voulais le remercier d’avoir été gentil avec moi, nous avons… eu une légère altercation et il s’est montré assez clément. Je me suis montrée trop curieuse et il n’a pas apprécié. Et puis il n’allait pas gâcher son week-end et j’avais des achats à faire alors j’ai décider de lui rendre service. »

Elle espérait qu’elle n’allait pas maintenant lui paraître comme une fayotte ou une élève à problème.

Elle essaya de ne pas rire en le voyant faire des suppositions sur son père. Décidément personne d’autre ne le connaissais mieux qu’elle et sa mère.

« C’est surtout qu’il est borné. Quand il a une idée en tête il ne l’a pas autre part et il capable de rester enfermé une semaine entière dans son atelier pour peindre juste une toile. C’est juste de la passion pour lui, rien d’autre. Il s’estime juste chanceux d’avoir du succès. Vous savez qu’il a fait don de certains de ces tableaux à Poudlard, gratuitement ? Il y a par exemple la toile qui représente deux sorcières sur un tapis volant, pas très loin du portrait du Chevalier du Catogan, je ne sais pas si vous avez déjà eu l’occasion de la voir. Elle est de lui. »

Elle avait encore plus sourit parce que c’était une de ses toiles favorites et qu’elle avait déjà entendu quelques élèves la complimenter.

« En fait vous n’êtes ni le premier, ni le dernier à tenter une interview de lui… mais vous êtes le premier à venir vers moi ou un autre membre de la famille. Vous devez vraiment être déterminé. Elles… elles vous plaisent tant que ça ses œuvres ? »

Elle était touchée, même si son approche avait été un peu particulière et l’avais effrayée. Et puis elle avait l’air passionné par son travail et c’était un trait qu’ils semblaient partager tous les deux.

« Ça ne me dérange pas de vous aidez au contraire. Je n’aimerais pas vous voir renoncer à cause de moi. D’ailleurs j’irai toucher deux mots à mon père et si il n’est pas content il m’entendra, je n’arrête pas de lui dire qu’il devrait se montrer plus aimable avec les gens, il a trop mauvais caractère. »

Elle secoua la tête, l’air contrarié. Pourtant elle lui ressemblait beaucoup sur ce point là, elle pouvait avoir mauvais caractère et se montrer très cassante quand elle était de mauvaise humeur mais elle était sûrement plus mesurée que lui. Un vrais ours.

« Il sera bien obligé de dire oui à un moment si il ne veut pas que je lui casse les pieds. Ça ne me dérange pas du tout de vous aidez au contraire, et puis ça me changera aussi les idées. Tout le monde trouve que je travaille trop mais j’ai l’impression de ne jamais en faire assez. Même mon professeur d’astronomie trouve que j’en fait trop et que je devrais me détendre un peu et pourtant il est très exigeant. Je vais passer mes ASPICs, et nous sommes encore au début de l’année, autant en profiter maintenant après je n’aurai plus du tout le temps de rien, je ne sortirais même plus. »

Elle ne savait même pas pourquoi elle lui racontait tout ça, c’était un peu privé quand même, mais elle devait avouer qu’elle en avait plus qu’assez qu’on lui demande de s’amuser alors qu’elle ne le faisait jamais autant en apprenant.

« Je ne sais pas vraiment… à dire vrai mis à part les Trois Balais je ne suis jamais entré dans aucun pub et c’est toujours bondé, j’évite d’y aller la plupart du temps. Oh allez y, ne vous pressez pas pour moi. »

Elle pencha la tête sur le côté, pensive.

« Je crois que je vais aussi me prendre un peu de chocolat aussi. Oh pardon, je pensais à voix haute.  Oui bien sûr, c’est toujours plus pratique que par hiboux, surtout en ce moment, et puis ça évitera les mauvaises interprétations d’une question. C’est bien aimable à vous, je vous promet d’être sincère à propos de cet article et de vous dire le plus possible, pour que vous n’y passiez pas trop de temps, si vous devez le rendre dans une limite de temps, il ne faudrait pas faire trop patienter votre patron ou les lecteurs. »

Elle ne pouvait pas vraiment lui expliquer les véritables raisons pour lesquelles elle ne voulait pas que le courrier soit intercepté. Si il avait des origines moldues, elle ne voulait pas le blesser en lui expliquant que ces parents ne voyaient pas d’un très bon œil sa passion pour l’astronomie moldue. Surtout en ce moment, les tensions s’amplifiaient et elle ne voulait pas qu’il pense qu’elle était de ceux qui se pensait supérieurs à cause de leur statut de sang.

Ils doivent offrir un contraste amusant. Elle ne le connaît pas et elle n’aime pas juger mais elle commence se faire une petite idée de la personnalité de son interlocuteur. Elle devine à sa façon de parler, de se tenir qu’il est quelqu’un de très sociable et d’optimiste, tout son contraire. Enfin pour ce qui est de la sociabilité, on ne peut pas vraiment dire que Fanny soit quelqu’un de pessimiste, mais elle n’est pas du genre à voir le chaudron à moitié plein, ni à moitié vide. Elle est entre les deux, tout dépends de son humeur.

« Je l’espère aussi, c’est quand même vrai ce qu’on nous dit quand on arrive, que Poudlard sera comme une seconde maison pour nous. Mais j’avoue plutôt me concentrer sur mes études pour le moment, c’est plus important et j’ai encore du temps devant moi pour m’amuser.
Oh oui, ce n’est pas qu’une impression, il faudrait une carte pour pouvoir s’y déplacer sans se perdre… mais d’un autre côté j’aime bien garder certains mystères, Poudlard perdrait de son charme sinon. C’est l’endroit que je préfère, je ne fais même plus attention aux marches, c’est même encore mieux que la bibliothèque pour étudier, parce que personne n’a envie de monter tout la-haut alors je suis tranquille. Oh… et bien heureusement que vous n’avez pas connu Mrs Pince, c’est la nouvelle bibliothécaire, elle a horreur du bruit, elle serait capable de nous bailloner pour être sûr que le silence règne.»

Elle ne peut s’empêcher de rire à cette pensée. Pourtant elle aime bien Mrs Pince, elle est toujours gentille avec elle, mais ça c’est sans doute lié au fait qu’elle respecte autant les livres qu’elle et qu’elle est toujours prête à rendre service. Et la bibliothécaire est de bon conseil quand il s’agit de livres, alors elle ne se prive pas d’aller lui en demander.

« Je ne voulais pas vous paraître impolie ou pleine de préjugés comme certains… ça a du être vraiment déroutant pour vous d’apprendre tout ça, enfin j’imagine, j’ai toujours baigné dans la magie, je ne peux que l’imaginer. C’est vrai ? Oui les élèves sont beaucoup plus ouverts et curieux que certains, j’ai parfois l’impression qu’ils nous prennent pour des fous. Et puis j’adore quand on se rassemble tous ensemble devant le heurtoir pour trouver la solution de l’énigme, ça peut prendre longtemps mais c’est si agréable d’échanger nos connaissances. Et même de faire des expériences, même si ça apporte des ennuis par la suite, ce qui compte c’est d’avoir essayé.
C’est ma matière préférée… enfin c’est plus que ça, c’est ma passion. J’ai aussi pris, divination, arithmancie, étude des runes et alchimie, ce sont des matières vraiment difficiles mais elles sont si passionnantes et elles peuvent toutes êtres mises en corrélation avec l’astronomie, c’est tellement passionnant.»

Elle du prendre sur elle pour ne pas commencer une longue tirade sur l’astronomie ou elle allait l’effrayer à son tour.

« Il est un peu particulier mais ce n’est pas le pire professeur, enfin je n’ai jamais trop aimé les potions, c’est trop compliqué pour moi. Et bien… en fait j’ai démonté un objet moldu, un télégraphe, je voulais voir comment il fonctionnait, mais j’aurai du demander la permission avant c’est vrai. Je ne pensais pas à mal, j’étais curieuse sur le moment, je voulais juste voir comment ça fonctionnait et… enfin bref, il ne m’en veut plus, enfin je pense. Oh non ne vous en faite pas, il lui manquait juste quelques ingrédients pour ses potions, rien de bien lourd, c’est bien gentil à vous de proposer votre aide, merci. »

Et puis elle était habituée à toujours porter sur son dos des tas de livres, ce n’était pas quelques ingrédients qui allaient lui poser problème.

« Je le pense aussi, même si c’est parfois assez pénible au quotidien, enfin il n’est pas le seul membre de la famille à avoir une passion. Bien sûr que oui il s’est entraîné mais comme il vient d’une famille assez renommée et riche, sans vouloir me vanter, il estime être plus privilégié que d’autres, il a eu moins d’obstacles à rencontrer que d’autres, c’est pour ça qu’il ne veut pas trop s’épancher non plus j’imagine. Il a toujours été généreux, si il peut rendre les gens heureux, il le fera. J’avoue que les premières semaines j’étais un peu gênée de voir certaines de ses peintures exposées mais maintenant je suis habituée et c’est réconfortant d’un côté, comme vous dites c’est comme si une partie de lui était avec moi.»

C’était toujours réconfortant de reconnaître la patte de son père parmi toutes les autres toiles, d’arriver à le distinguer d’un seul coup d’oeil.

«Je crois qu’il avait accepté de donner quelques interviews au début, mais il a vite renoncé, il préférait se consacrer à sa peinture et à ma mère. Je dois avouer que vous m’avez fait peur au début, je n’ai pas l’habitude qu’on vienne vers moi comme ça… enfin je ne vais pas vous jeter la pierre, je serais capable d’en faire autant pour en savoir plus sur l’espace. Je suis contente qu’elle vous plaise, je transmettrais le message à mon père, peut-être que ça le poussera à réfléchir un peu.»

Maintenant qu’elle lui parlait, elle n’avait plus du tout peur. Et puis elle le comprenait. Ne rendait-elle pas tout son entourage dingue avec sa passion pour les étoiles ? Au point d’en faire des sujets de moqueries ? Alors elle n’allait pas lui jeter la pierre pour ça, bien au contraire.

« Je vous en prie, c’est un plaisir. Après il est chef de clan, il est conscient de ses obligations et de ses devoirs, il prends cette position très à coeur, j’imagine qu’il veut garder une bonne image pour rester crédible devant ses septs. Oh ne vous en fait pas pour ça, on se dispute parfois mais on ne reste jamais fâchés bien longtemps et puis ma mère est du même avis, qui sait, on arrivera peut-être enfin à le faire changer d’avis. Mais il faut bien que je travaille dur, le domaine de l’astronomie est très exigeant, il ne suffit pas juste de regarder le ciel, il faut faire des calculs, des schémas, les positions des planètes changeant sans cesse et puis les autres matières aussi,ça exige beaucoup d’efforts et de rigueur, je ne me vois pas rendre un devoir partiellement fait à un professeur, ça ne serait pas bien ! Et puis j’ai toujours la tour d’astronomie, c’est l’endroit parfait pour être tranquille et prendre un peu l’air. »

Elle allait encore passer pour une folle mais elle n’arrivait pas à concevoir de faire un devoir mal rédigé ou de ne pas pousser ses recherches à fond. Et puis au moins dans la tour d’astronomie on ne risquait pas de venir l’embêter et jeter ses affaires dans le lac, ni la rabaisser.

« Je préfère ce genre d’endroits, si ça ne vous dérange pas. Ne vous inquiétez pas, je n’avais pas prévu grand-chose pour aujourd’hui, juste quelques achats et je ne savais pas quoi faire d’autre en attendant de pouvoir rentrer, ça m’occupera. C’est vrai que ces derniers temps les gens sont de plus en plus méfiants, je comprends tout à fait mais c’est moins évident. J’espère que ça se calmera vite. C’est très gentil à vous, je… j'essayerais de m’en souvenir si j’ai besoin d’aide un jour. »

A vrai dire, elle commençais à se faire peur elle même. Elle n’avait pas pour habitude d’agir ainsi, de sauter dans l’inconnu sans avoir mûrement réfléchit avant. Mais il lui inspirait confiance et elle avait vraiment envie de l’aider. Mais la perspective de se retrouver dans un lieu inconnu l’angoissait un peu. Elle se retourna brièvement vers le stand et attrapa deux barres de chocolat au hasard avant de se diriger vers la caisse. Elle espérait aussi que personne ne les remarqueraient, car même si il y avait du monde, un adulte accompagnant une étudiante dans un salon de thé, ça pouvait paraître suspect.

Elle se sentait un peu perdue. Son interlocuteur n’avait pas l’air méchant et elle sentait un peu plus en confiance mais pour être honnête, converser avec un total inconnu la déstabilisait. Il venait de la prendre au dépourvu et elle n’aimait pas ça. Et pourtant elle appréciait l’échange. Sans doute parce qu’il ne lui posait pas des questions sur elle, du moins pas indiscrètes, il se montrait curieux mais poli, ce qu’elle appréciait. D’accord ce n’était pas tous les jours que des inconnus ou même des gens de son âge venaient lui parler, mais les gens manquaient parfois courtoisie et de discrétion. Pas lui. Sans doute son éducation jouait pour quelque chose, mais Fanny appréciait et c’est sans doute pour ça qu’elle ne s’était pas enfuie à toutes jambes.

« Oh oui, les vacances de Noël surtout, il y a quelque chose d’incroyablement magique, je me souviendrais toujours de mon premier Noël à Pourdlard, nous n’étions pas très nombreux en plus, je me souviens que les professeurs étaient plus détendus et avaient même joué à des jeux de société avec nous. J’avoue qu’il est difficile de ne pas trouver un endroit qui nous convient, il y a tellement de place, tellement de pièces et même dans les couloirs ou la Grande Salle, l’agitation n’est pas si pénible, elle est parfois réconfortante, elle est vivante. Je pense que je regretterais quand même un peu de ne plus rien avoir à faire après, c’est toujours un peu frustrant pour moi, je suis occupée toute l’année et là d’un seul coup, je ne trouve plus rien à faire. Je ne sais pas si ça serait totalement possible, certaines pièces doivent êtres incartables, comme Poudlard en elle même, elle a sa part de mystère et ça n’est pas plus mal. Je me perds encore, surtout vers les cachots… La vue est tellement magnifique, surtout quand le ciel est dégagé, on voit toutes les étoiles et le parc, on ne se rends pas compte à quel point il est grand et quand c’est la pleine lune la lumière se reflète sur le lac, c’est magnifique. Oh je me trouve toujours une petite place et puis comme je ne fais pas de bruit, mon professeur me laisse observer le ciel à ma guise et comme je l’aide toujours, il ne dit rien. Beaucoup d’élèves trouvent qu’elle ressemble à un chien de garde, mais je trouve ça normal aussi, certains élèves ne sont pas respectueux. »

C’est vrai que certains élèves avaient tendance à oublier qu’ils étaient dans une bibliothèque et que le calme devait y régner. Et elle n’était pas méchante du tout, elle respectait juste les livres et en prenait soin.
Bon, il n’avait pas l’air de lui en vouloir, mais par les temps qui courraient, elle pouvait très bien comprendre que la méfiance aille dans l’autre sens justement, ceux qui n’étaient pas considérés comme « purs » se méfient des sorciers venant de famille comme la sienne. Heureusement il ne semble pas s’en formaliser et ça la soulage, parce qu’elle n’avait vraiment pas envie de passer pour une prétentieuse et une fanatique du mage noir.

« Oh, je suis contente alors, il y a… il y a tellement de sorciers venant du même type de famille que moi qui sont méprisants. Oh j’imagine… je serai aussi totalement perdue si on me laissait dans le monde moldu, je n’y connais pas grand-chose et comme je ne suis pas l’étude des moldus comme option, je dois me contenter de ce que je sais. C’est d’ailleurs dommage que ce soit qu’une option et pas une matière obligatoire, il n’y aurait peut-être pas tous ces problèmes si on apprenait à mieux se connaître. Je suppose que mon enfance a du être bien différente sur certains aspects, mais sur d’autres… je jouais à cacher-cache, je faisais des dessins, des bêtises, comme tous les enfants. C’est dommage pour eux, mais ces gens ne vont jamais loin de toutes les façons…. C’est exactement ça, chacun à sa manière de réfléchir, de voir les choses et mine de rien, on se pousse les uns les autres à être curieux et à s’instruire. Il y a encore tellement à découvrir dans ce domaine, l’espace est infini, on ne percera sans doute jamais tous ces mystère, mais on peut déjà essayer pour notre galaxie et on essayera pour les autres ensuite. Oh j’utilise mon lunascope, même je connais toutes les phases de la lune à force, des compas, des loupes, des cartes du ciel, des sextants aussi… je dois aussi faire des calculs, c’est parfois compliqué mais je m’accroche. Je ne me vois pas faire autre chose que d’étudier le ciel, c’est venu un peu d’un seul coup. »

Elle ne pouvait plus dire exactement à quel moment l’astronomie était devenue plus qu’une passion pour elle, mais elle était encore très jeune et depuis tout le monde dans son entourage semblait l’avoir très bien compris et savait au moins quoi lui offrir à Noël ou son anniversaire. Elle rit à son tour, appartement elle n’était pas la seule à ne pas être amie avec les potions.

« Oui et c’est assez paradoxal parce qu’il faut l’être aussi en astronomie, mais je pense que c’est aussi le risque que tout nous explose à la figure qui joue. Oh c’était un très vieux modèle, il n’était pas fonctionnel, il servait juste de modèle de démonstration. C’est ce que j’ai cru comprendre, je voulais juste voir comment ça fonctionnait, pas le casser. Et voir si je pouvais l’améliorer, le perfectionner. Ce n’est pas parce que quelque chose marche qu’on ne peut pas l’améliorer. Oh, au final ça arrange tout le monde, je devais sortir et il faut bien que je profite avant de devoir m’enfermer pour réviser pour mes examens. En tout cas c’est très gentil à vous, c’est rare de rencontrer des gens serviables de nos jours. »

Elle sourit un peu plus. C’était tellement rare les gens serviables, les gens gentils… ceux qui ne demandaient rien en retour, qui se proposaient naturellement pour rendre service. Elle n’était pas sûre de faire partit de ces gens, c’était parfois bien difficile de se montrer toujours souriante, d’être gentille. De plus elle était une fille et on attendait toujours d’elle qu’elle se montre gentille et effacée, souriante, serviable. Alors que parfois elle avait juste envie d’ignorer tout le monde et d’envoyer balader les enquiquineurs. Mais il n’en était pas un et ça la touchait, de sentir un regard masculin qui n’était pas pénible, juste gentil et qui n’attendait rien d’elle en retour.

« Oui, j’aime l’astronomie, mon père la peinture et ma mère les créatures et milieux aquatiques. C’est vrai que les repas sont toujours très animés et puis au moins ça permet de pouvoir discuter, d’avoir des sujets de conversation plutôt qu’un gros blanc. Il pense qu’il a plus de chance parce qu’il n’avait pas à fournir autant d’efforts que les autres pour obtenir ce qu’il voulait, comme des pinceaux ou des toiles, alors que ce n’était sans doute pas accessible pour d’autres. Mais je suis très fière de lui, je sais qu’il y mets tout son coeur dans ses peintures, qu’il peint parce qu’il en a envie. Hum.. pour le moment il ne m’a rien dit, je ne sais pas si il a des projets, en général il demeure très secret, je suis désolée de ne pas pouvoir vous en dire plus. Mais il faut bien que vous exerciez votre métier aussi ! Oh ne vous en faites pas, c’est passé maintenant. Tout le monde à ma place aurait eu peur, même vous… si j’étais tombée sur un astronome célèbre je n’aurai pas hésité une seconde. Ce n’est rien, et puis il faut que je lui écrive et donne des nouvelles avant qu’il n’envoie une brigade d’aurors à Poudlard pour savoir si je suis toujours en vie. »

Il en était bien capable en plus… autant le rassurer et lui remonter un peu les bretelles au passage. Elle voulait le rassurer, même si c’était vrai que cette façon d’aborder aurait pu lui causer des ennuis.

« Oui on s’est toujours plutôt bien entendu, je pense que c’est un des avantages de n’être que nous trois, on a le temps d’apprendre à bien se connaître et on peut se laisser un peu d’espace vital quand on a besoin. Je pense que ça pourrait être une bonne expérience pour lui, même si c’est juste une fois… ça lui fera sans doute voir les choses autrement. Oh oui ! J’aimerais faire des recherches sur la conquête spatiale et aller dans l’espace, je n’ai pas envie de juste rester sur terre alors que l’espace à tant à nous offrir comme mystère à percer, autant y aller plutôt que de rester derrière un télescope. Je le pense aussi, même si je serai bien incapable de ne pas rendre un devoir. Oui un peu, parfois je me dis que je devrais y installer mon campement, j’y passe tellement de temps... »

Il allait la prendre pour une folle avec ses rêves de voyager dans l’espace, mais ce n’était pas une raison pour aller encore plus loin.

« Oh merci ! J’ai vraiment du mal avec les endroits bondés… un peu comme ici en fait. Je pense avoir encore pas mal de temps devant moi, on peut rester un peu plus tard quand on est en dernière année. Je suis comme vous parfois, je ne vous en voudrai pas, ne vous inquiétez pas ! Il vaut mieux êtres prudents, effet. Je ne sais plus trop ce que disent les moldus, un homme avertit en vaux deux ? Quelque chose comme ça. Il ne nous reste plus qu’a espérer que ça ne dure pas… mais j’en doute quand même un peu, c’est tellement facile d’embrigader les gens, de leur faire croire ce que l’on veut... »

C’était tellement facile de manipuler les jeunes esprits surtout, comme le siens. Après avoir payé ses achats, assez maigres, elle le suivit jusqu’à la porte de sortie. Encore une fois se gentillesse la touchait et la déroutait. Il n’avait pas l’air de faire ça parce qu’il fallait être « galant » et la considérer comme une chose fragile, mais juste l’aider. De la pure gentillesse. C’était si rare… et en ces temps difficile, ça faisait du bien. Beaucoup de bien. Elle se surpris à respirer plus facilement une fois dehors. Loin de la foule, loin du bruit, loin des gens.