Il y a des jours où les chosent semblent aller plus mal que d'autres. Il y a des nouvelles qui nous font sourire, d'autres qui nous donnent envie de cogner les murs sans prendre le temps de souffler. Les phalanges qui blanchissent tandis que le gamin sert les poings en relisant cette lettre. Héritage indésiré venant s'ajoutant à son compte bancaire. Alphard est mort la semaine dernière et Sirius l'a toujours en travers de la gorge. Gamin persuadé que ses parents se font un malin plaisir de l'envoyer six pieds sous terre, dans l'unique but de se venger de l'affront que leur propre fils aîné leur a fait. Adultes désagréables aux mains salis. Coeur alourdi. Pensées sombres depuis ce jour. Mais Sirius ne se laisse pas abattre. Alphard était vieux. Peut-être que la mort l'aurait pris sous sa cape sous peu. Peut-être même qu'elle l'a fait sans l'aide de personne. Et pourtant  ... Pourtant Sirius ne peut s'empêcher de se demander si tout cela n'est pas de sa faute. Les temps sont durs. Les jours se font de plus en plus sombres. Et ce n'est pas un pauvre adolescent dans son genre qui pourra changer les choses, bien au contraire.

L'animagus grogne en y pensant, avant de glisser à nouveau la lettre dans ses affaires personnelles. L'envie de se changer les idées ; d'arrêter de se tracasser. Il ira sur sa tombe durant les vacances. Pour parler, certainement. Murmurer des choses dont il ne devrait même pas avoir conscience. Guerre qui approche et qui le terrorise plus qu'il ne le montre. Les doigts qui tremblent en pensant aux morts qui l'attendent. Il fera tout pour les protéger. S'il avait su pour son oncle ... peut-être aurait-il pu le sauver ? "Putain Sirius. Arrête de penser à toutes ces conneries." Se dit le grand garçon aux boucles brunes avant de finalement sortir du dortoir qu'il partage avec ses trois meilleurs amis. Enfin, moins un. Peter est différent désormais à ses yeux et ce, depuis la rentrée - ou presque. Il continue de se dire que ce foutu rat devrait finir entre ses crocs acérés. Un coup de mâchoire et s'en serait terminé de lui. Dans le plus grand secret. En silence. Loin des regards indiscrets qui pourraient juger cet acte fou sans savoir ce qui pourrait le pousser à agir de la sorte. Néanmoins, malgré cette envie, Sirius n'en fera rien. Il n'est pas un meurtrier. Il ne veut pas le devenir. Peter est toujours innocent. Pour le moment. Sûrement a-t-il encore une chance de changer ? Qui sait.

Les pas qui le guident. Jeune Gryffondor descendant les escaliers jusqu'à la salle commune, vide de monde. Sûrement sont-ils tous à la grande salle en train de manger. Sirius lui, s'est déjà servi dans les cuisines. Une soudaine envie de sucreries. Il s'est goinfré en tout bon honneur. Et désormais, le sang pur pourrait bien évidemment se plaindre de maux de ventre. Il s'assoit près du feu, approchant ses mains de la braise qui vient réchauffer sa peau avant qu'il ne se recule pour éviter de se brûler. Un soupire qui s'échappe de ses lèvres, tandis qu'il s'étale dans l'un des canapés, fixant le plafond. De longues minutes qui défilent. Il n'ira pas voir le match amical se déroulant entre Poufsouffle et Serdaigle aujourd'hui. Les hurlements ne feront qu'accentuer ses maux de tête du jour.

La porte qui s'ouvre soudainement et le gamin qui se redresse, posant une main sur le dossier du canapé aux couleurs rouges et ors, avant qu'il n'hausse un sourcil. "Oh tiens, Felix. Je pensais que tu irais voir le match amical, tiens. Tu veux que je te fasse une place ?" Demande Sirius en haussant un sourcil, tout en fixant le jeune homme faisant parti de sa maison avec intérêt. Une amitié douce et tranquille. Et pourtant, une certaine jalousie qui égosille son animosité bien rangée au fond du placard. Félix est bien trop proche de Peyton à son goût et l'animagus se demande même parfois s'ils ne sortent pas ensembles, tous les deux. Il contracte la mâchoire en y pensant. Foutus sentiments à la con qu'il préférerait enterrer. Lui qui n'a jamais été véritablement intéressé par une femme, le voilà sincèrement attaché, désormais.