La neige qui tombe sous son regard tendre. Sirius secoue ses boucles brunes de sa main droite pour y retirer les quelques flocons frais venus s'y loger. Il a l'impression que l'hiver sera plus long cette année, sans véritablement savoir pourquoi il semble avoir une telle appréhension. Un doux sourire vient fleurir sur ses lèvres, alors qu'il se redresse, regardant autour de lui avec intérêt. Pas de James ni de Remus à l'horizon. Seulement cet élève de Gryffondor, avec lequel il fait parfois quelques blagues aux autres. Ils se sont même retrouvés une fois, enfermés dans le bureau de Rusard. Ça leur a valu un samedi entier, collés aux cuisines. Autant dire que cela est certainement la meilleure punition aux yeux du jeune sang pur qui adore y passer du temps à grignoter. « Eh Black ! Ramène-toi, j'croyais que t'avais un devoir à terminer avant d'te faire coller ? Et j't'en dois toujours une. » Lance le gamin, de quelques mois son aîné. Sirius hausse un sourcil, avant de lâcher sa contemplation du parc blanchit par le manteau de neige offert par le ciel. L'adolescent sourit en coin, rejoignant bien rapidement l'autre lion pour partir en direction de la bibliothèque. Quelques élèves à esquiver dans les escaliers pour éviter des bousculades désagréables et voilà que les deux garçons poussent la porte du lieu silencieux.

Madame Pince se redresse pour regarder qui vient d'entrer, grognant, les lèvres pincées, en remarquant qu'il s'agit là d'une plus gros troubles fêtes de l'école de sorcellerie. Avec Potter bien-sûr. Elle leur fait signe. Pas un bruit. Le message est clair et Sirius lève les yeux au ciel tout en rejoignant une table de libre, un peu à l'écart. Assez loin de la surveillante de la bibliothèque pour pouvoir chuchoter un minimum sans se faire prendre ou renvoyer du lieu. L'animagus sort un livre d'histoire de la magie, suivit de son parchemin, à moitié rempli de sa plus belle écriture aux traits fins. « Faudrait que tu rajoutes deux-trois paragraphes sur ce décret. C'est ce qu'il attend de nous, c'est sûr. Tu passes souvent à côté des meilleures notes, juste parce que t'es trop fainéant. » Sirius grogne en entendant les paroles de son coéquipier d'histoire de la magie, marmonnant dans sa barbe inexistante avant de sourire en coin. Il n'a pas l'impression de tout foirer pourtant habituellement. C'est juste que passer ses journées sur des devoirs se trouve être une idiotie à ses yeux. Il faut profiter de la vie, de sa jeunesse. Et ça ne fait pas quelqu'un de plus idiot, après tout. Il fait même parti des meilleurs élèves de l'école.

Un peu moins d'une heure passe dans cette bibliothèque sans qu'aucun son désagréable ne s'y fasse entendre, jusqu'à-ce qu'un défi soit donner. « Eh, Black. Cap ou pas cap d'embrasser la première personne qui passera cette porte ? Garçon ou fille, on s'en fout. Pas le choix. » Lance rapidement le dernière année, un sourire amusé étirant ses lèvres. Foutu blond à la con. « J'le fais, mais tu me devrais une bière-au-beurre, mec. » Rétorque rapidement Sirius, tapotant des doigts contre la table, jusqu'à-ce qu'une tête rousse pousse la porte d'entrée de la bibliothèque. Rapidement, le sang pur se lève de sa chaise et s'approche, empêchant à la plus jeune de continuer son chemin. Un sourire narquois étire ses lèvres, tandis qu'il la fixe sans parler. La rouquine va faire une scène, mais ce n'est qu'un pari, alors ce n'est pas si grave. Il n'est pas du genre à refuser quoi que ce soit. Un pas sur la droite et il se déplace aussi, haussant un sourcil. Jumeau de Potter ? Sirius éclate de rire. « T'as l'air bien sur de toi. » Minaude Sirius, le regard pétillant de malice, avant qu'il se ne se penche soudainement pour embrasser la fille Dubois sans se soucier des conséquences. Les lèvres qui s'écrasent sur celles de la rousse, quelques secondes. Il attend la gifle. Il attend l'insulte. Il reste immobile, nullement gêné. C'est qu'il a embrassé tellement de filles dans sa jeune vie. Et puis, Dubois ne l'a jamais intéressée. Contrairement à Peyton. Oh Peyton. Est-ce qu'elle lui tiendra rigueur de ce pari stupide ?

Ne pas réfléchir. Jouer le jeu à fond. Sirius est un grand joueur et les paris sont sa spécialité. Il ne recule devant rien, ni ne réfléchit jamais aux conséquences. Un brin suicidaire par moments, bien qu'il ne s'en rende pas toujours compte, ces cap ou pas cap auraient pu lui coûter la vie plus d'une fois, bien qu'il soit toujours là aujourd'hui pour raconter ses folles aventures. Il s'attendait à tout, face à ce baiser voler. Les poufsouffle ne sont pas connus pour être de violentes personnes et pourtant, le jeune Black s'attendait à tout, sauf à ça. Le coup violence s'abat contre sa tempe et il grimace, chancelant un instant, tandis que le second fauteur de troubles prend rapidement la poudre d'escampette un peu plus loin, laissant le sang pur face à la furie rousse. Sourire fané. La tête qui tourne. Sirius peine à reprendre ses esprits et n'a pas vraiment le temps de réagir. Les gestes de sa camarade sont rapides, vifs. Elle sait ce qu'elle fait, visiblement et sa colère semble être encore plus violente que celle de certains Serpentard. « Eh oh, détend-toi, c'était un pari. J'pouvais pas deviner que ta tête de rat allait passer la porte en premier. Ton premier baiser à quinze ans ? Fallait t'réveiller avant ma vieille. » Qu'il rétorque, sur les nerfs, et quelque peu vexé. Il passe une main contre son front en grimaçant. C'est qu'elle n'y est pas allée en douceur, il faut l'avouer. Peut-être même qu'il devra aller faire un tour à l'infirmerie. Enfin, ce n'est pas plus douloureux que les morsures de Stangulots vivant dans le lac noir, ça, Sirius peut en témoigner.

Une grimace de nouveau soudainement tandis qu'il sent une fulgurante et douloureuse brûlure. Le Gryffondor contracte la mâchoire en se penchant légèrement, les dents serrés. Il prend son mal en patience, mais foi de Black, elle a beau être une nana, il ne va pas retenir son coup de tête si elle continue. « Lâche ça rapidement, Dubois. » Qu'il demande par politesse en essayant de ne pas trop étouffé sa voix. Il soutient son regard tandis que la rouquine continue de déblatérer ses menaces qui ne lui font ni chaud ni froid. Finalement, le septième année craquer et lui attrape rapidement l'avant bras pour la faire lâcher. Douloureux. Douloureux. Il grogne, étouffe un juron, avant d'envoyer sa tête vers l'avant, venant contre son front contre son menton avec une violence non dissimulée. Femme ou pas femme, Sirius n'en n'a rien à ciré. Certaines se battent pour avoir les mêmes droits qu'eux, alors il ne va pas se gêner. On ne le touche pas de cette manière pour un simple pari. Il aurait pu se confondre en excuse et même chercher à se faire pardonner, mais là, la gamine est allée trop loin. « Arrête d'en faire tout un plat. C'pas comme si j'y avais mis la langue, tu vas pas en crever. La prochaine fois que tu lèves la main sur moi, j'peux t'assurer que tes ancêtres se retourneront dans leur tombe. J'crois que t'as pas encore compris de quelle famille je viens. On nous enseigne pas la douceur. » Le voilà qui s'énerve, qui voit rouge. Il a déjà assez de problèmes comme ça. Il aurait préféré tombé sur l'une des ces filles qui rêvent de l'embrasser. Il aurait préféré tombé sur Peyton. Au lieu de ça, on lui a foutu cette folle furieuse dans le collimateur.