Les doigts qui tapotent contre le meuble en marbre laqué. Le sorcier trentenaire grogne dans sa barbe fraîchement rasée au petit matin, sur les nerfs. Cosme Bulstrode. Ce petit con dont il a souvent entendu parler. Fauteur de troubles à Poudlard. Fils à papa. Sang pur se prenant un peu trop pour un roi. Pourtant, Noah n'a pas pu passé au travers de ce sous-entendu dans une lettre à l'intérêt de son supérieur. Une nouvelle mission. Un nouveau jour. Jouer de discrétion pour espionner Kaus Selwyn. Ce n'est pas vraiment dans sa habitude. Le bougre est plutôt du genre à foncer dans le tas. Grogner. Gueuler. Brailler. À en perdre haleine. À s'en casser la voix. Il déteste espionner, forcer sur son jeu d'acteur. Et puis, il est certain que ce foutu Bulstrode raconte des conneries. Selwyn est marié à la sœur de ce petit con, s'il en croit les registres. Pourquoi balancer son beau-frère ? C'est à n'y rien comprendre. « Austin. J'ai eu écho que Selwyn se trouve au chaudron baveur. Faites-y un saut. Tout de suite. » L'ordre donné par le supérieur lui reste en travers de la gorge. Noah se lève de sa chaise tout en contractant la mâchoire. Il aurait dû ouvrir une boutique, pour être tranquille. Se la couler douce. Au lieu de ça, il a voulu entrer au ministère. Conneries.
Les grandes jambes qui s'approchent rapidement des cheminées du ministère de la magie. Le sang-mêlé s'engouffre dans l'une d'entre elles, sur les nerfs. Il a besoin de prendre son temps habituellement, mais là, il se doit d'être rapide et efficace. Pas dans son habitude. Non. Il grogne, trasplanant jusqu'à la devanture du vieux bâtiment. Un grognement qui s'échappe de ses lèvres, tandis qu'il pousse la porte d'entrée, saluant quelques têtes connues avant d'aller se chercher une bière. Autant mêler l'utile à l'agréable. On ne devrait pas lui en vouloir pour une bière-au-beurre, n'est-ce pas ? Il inspire et s'installe finalement, cherchant l'accusé d'un regard sombre. Ça lui tape sur les nerfs. Ça lui prend la tête. Mais il est bien forcé de faire son travail. S'il avait su. Oh oui. Si seulement il avait deviné dans quoi il s'embarquait, il serait parti faire le tour du monde avant ça. Blague de mauvais goût. Travail désagréable. Noah étale ses jambes devant lui, avant que son regard ne se pose sur l'humain convoité. Kaus Selwyn et ses éternels lunettes assombrissant son regard.
Pinçant les lèvres, Noah fronce légèrement les sourcils, sur ses gardes. Il a pas trop envie d'se faire remarquer. Mais ce foutu Bulstrode ne manque pas de toupet. Devoir enquêter sur de potentiels mangemorts ne lui plaît pas, à Austin. Il a pas trop envie d'se mêler de ce genre d'histoires. Chacun ses problèmes. Tant qu'on le fait pas chier, lui, il risque pas d'emmerder qui que ce soit. Il veut se préserver, c'est le principal. Le plus important. Finalement, d'autres personnes entrent et rapidement, l'endroit se retrouve avec plus de monde que de tables disponibles. Noah se lève, en profitant pour laisser sa place à un quatuor de vieillards, s'approchant de la table du sang pur. « J'peux vous tenir compagnie ? Il commence à y avoir trop de monde. J'serai silencieux. » Promet-il, tout en fixant l'homme à la carrure masculine avec un sourire amical.
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it only means you care Le stress, c’est quelque chose que t’expérimente depuis bien longtemps, un peu trop à ton goût d’ailleurs. Mais à ce point ? C’est quand même assez rare. Et heureusement dans un sens, t’aurais difficilement apprécié et tu serais déjà certainement mort d’un ulcère, voir même plusieurs, et tu te doutais que ça aurait été loin d’être agréable. T’avais pas réussi à dormir de la nuit, ou très peu, et si t’avais eu l’impression au début une impression que tout allait pouvoir changer, mêlé à un certain espoir, plus les secondes passaient, plus tu désespérais. Tu venais par moment à regretter ton geste, à te demander ce qui avait pu te prendre, d’envoyer ce hibou à Cade, de l’avoir invité à venir prendre un verre au Chaudron Baveur. Tu ne savais pas non plus ce que t’espérais exactement, si ce n’était au moins le revoir, rétablir un certain contact, et pourquoi pas, constater que tout n’était pas perdu. Même si sur ce point, tu te doutais bien que t’étais beaucoup trop optimiste. Vos échanges se faisaient de plus en plus rares, plus froids de sa part et t’aurais déjà pu te douter de quelque chose, en voyant qu’il n’avait pas répondu à l’invitation. Mais t’avais pas pu t’empêcher de te dire qu’il avait eu l’esprit trop occupé par autre chose, qu’il avait oublié de répondre, mais qu’il viendrait. Sinon, il t’aurait prévenu, non ?
Mais les secondes défilaient, et la place en face de toi restait désespérément vide. Le bar se remplissait petit à petit, était même presque bondé, tu ne pouvais t’empêcher de regarder les entrées de chaque nouveau venu, avec un certain espoir de pouvoir apercevoir sa silhouette si familière, mais il n’en était rien. T’avais commencé par prendre un verre d’eau en voyant que l’attente s’allongeait, tes doigts n’avaient cessés de pianoter contre le verre d’ailleurs, ton regard de naviguer entre la porte et la bouteille que t’avais commandée en prévision de vos retrouvailles, que t’avais pas osé ouvrir jusqu’ici, même si l’envie de la vider était extrêmement tentante, tu ne pouvais t’empêcher de te dire qu’il y avait une chance qu’il soit réellement en retard, qu’il ait eu un empêchement, et que t’aurais tout sauf envie qu’il ne te retrouve dans un état aussi pitoyable.
T’es occupé à faire pour la cinquantième fois au moins dans ta vie sans doute, la liste de ce que t’avais pu faire de travers avec lui. C’était long et parfaitement inutile aussi, mais plus fort que toi. Si seulement ce n’était pas aussi compliqué de se procurer un retourneur de temps, t’aurais essayé d’arranger ça depuis des lustres, peu importait les sacrifices. T’as fini par abdiquer l’idée qu’il puisse encore arriver, le regard totalement dans le vide lorsque tu remarques une silhouette face à toi. Pendant une poignée de secondes, ton espoir revient en force alors que tu relèves les yeux, t’es même sur le point de te lever pour mieux le saluer, mais au dernier moment, tu te rends bien compte qu’il ne s’agit absolument pas du né-moldu occupant tes pensées. Le sourire qui t’était venu naturellement se fige pendant un tiers de seconde, laissant place à de l’incompréhension avant de te reprendre et d’en afficher qui se rapprochait plus de la politesse, c’était ce qu’il y avait de mieux généralement, face à un inconnu. Tu croises le regard du brun, bleu comme le tiens, il arbore un sourire qui arrive à te mettre un minimum en confiance et te persuade de ne pas juste détourner le regard comme t'aurais très bien pu le faire.
Intérieurement, tu commences à paniquer, tu ne peux pas lui répondre avec trop de retard non plus, tu n’avais aucune envie de paraître impoli, mais en même temps tu n’avais aucune idée de ce que tu pourrais lui répondre. Refuser ? T’étais déjà même pas capable de remballer quelqu’un qui t’harponnait dans la rue, alors un cas comme celui-ci. Puis faut bien que tu te rendes à l’évidence. T’étais ici depuis combien de temps ? Plus de deux heures ? Ça en devenait ridicule, t’en avais toi-même conscience en prenant un peu de recul. Fallait que tu te fasses une raison, même si ça te brise le cœur, une nouvelle fois, alors que t’aurais pu t’en douter quand même, t’étais pas si con que ça. Mais tu gardes la face, continue de sourire tant bien que mal.
« ▬ Je vous en prie ! Oui, ça se remplit assez bien, il semblerait que l’on approche de l’heure de pointe. Oh, ne vous retenez pas non plus si vous n’en avez pas envie ! …Vous aimez le vin d’ortie ? J’en aurai beaucoup trop pour moi seul alors si ça vous tente, autant partager. »
T’avais beau faire tous les efforts possibles, ton accent te collait à la peau même si t’essayais de ne pas trop y prêter attention,t’étais déjà bien content lorsque t’arrivais à trouver tous tes mots. Bon, t’étais toi-même pas trop convaincu de ta proposition étant donné qu’il avait une bièreaubeurre à peine entamée, mais tu te serais très mal vu commencer à l’ouvrir sans rien lui proposer aussi.
Les minutes qui défilent sans qu'il ne sache quoi faire. Mission désagréable. Il n'a pas signé pour ça. Enquêter sur les gens, s'insinuer tel un serpent dans leur petite vie privée n'est clairement pas ce qu'il préfère. S'il avait voulu faire une telle chose, autant se lancer en tant que détective privée. Sûr que ça paie bien mieux qu'un foutu boulot de brigadier. Enfin, la paie n'est pas si mauvaise, mais Noah se demande encore s'il devrait continuer à s'entêter. Souvent sur les nerfs. Parfois au bord d'en coller une à son supérieur. Il apprécierait de lui piquer son poste un jour. Avec un peu de chance, ce vieux timbré finira par clamser avant l'heure et l'ancien Serdaigle sautera sur l'occasion pour sous-entendre qu'il désire le poste. Pas un seul pas de travers. Toujours à l'heure. Parfois quelques longues minutes supplémentaires. Noah est une personne travailleuse, mais seulement parce que rien ne l'attend à la maison. Âme solitaire. Âme appréciant d'être sans attache. Le grand brun se faufile, évitant les peines de cœur à chaque trottoir. Quelques corps qui se mélangent sous les draps, mais jamais rien de plus.
Pourtant, il repense à Scarlett. Ce baiser échangé. Ce début de relation et il ne sait pas trop quoi en penser. L'inquiétude montante de se retrouver lié à un corps fragile par les temps qui courent. L'une des raisons pour laquelle il évite de s'intéresser aux Mangemorts, mais également à cette rébellion dont tout le monde parle. Il esquivera jusqu'à la fin, le bougre. Quitte à quitter le pays et à se cacher quelque part. Il attendra la fin pour ne pas avoir d'emmerdes. Tel est Noah. Tant qu'on le laisse tranquille, il ne menace pas. Tant qu'on le laisse à l'écart, ça lui va. Une vie sans ennuis. Un quotidien bien rangé et le voilà heureux pour l'éternité. Il sent quelques regards insistants. Homme assit seul à une table de quatre personnes. Le brigadier contracte la mâchoire un instant tout en serrant discrètement le point. Pas poli pour une mornille. Il aurait préféré qu'on le laisse tranquille. Mais il se lève, naturellement, pour laisser sa place et chercher un nouveau siège.
Petit coup de pouce du destin. L'homme. Sa cible. Le potentiel Mangemort se trouve être seul lui aussi. Alors, la démarche féline, Noah s'approche, bien que sur ses gardes. Aucune formule de politesse, le bougre ne se rabaisse pas à une telle chose. Il lance néanmoins un sourire, tendre en contrepartie. Histoire de l'avoir dans la poche, de l'amadouer. Manipulation dans le minois. Il sait que son physique avantageux lui donne quelques cartes supplémentaires entre les mains. « Merci, c'est gentil. J'avais l'impression d'être un monstre à leurs yeux, assis seul à une table. » Répond rapidement Noah, tandis qu'il finit par s'installer en face du grand homme aux cheveux bruns. Il n'a pas l'air méchant. Un peu paumé peut-être. Attendait-il quelqu'un qui n'est jamais venu ? Il n'allait tout de même pas boire cette bouteille seul, n'est-ce pas ? « Je devrais déjà terminé ma propre commande. Vous attendiez quelqu'un qui n'est jamais venu, je suppose? » Aucun tact dans les mots, avec Noah. Rares sont les fois où on le voit prendre des pincettes pour s'exprimer. Sûrement est-ce parce qu'il n'a pas envie de jouer les hypocrites et qu'il se fiche de blesser les autres. Sa choppe entre les doigts, le brigadier vient boire quelques gorgées de son breuvage, soupirant longuement d'aise. Au plus prêt de sa cible, il devrait avoir plus de chances de ne pas se louper.
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it only means you care Si tu t’écoutais, t’étais bien capable de rester assis à cette table encore pendant des heures. T’avais d’autres choses à faire, mais ça t’était totalement sorti de la tête, t’y pensais même absolument plus le moins du monde. De toute manière, t’avais toujours eu du mal à te concentrer sur plusieurs choses en même temps, t’aimais pas partager ton attention, tu préférais la donner entièrement à une seule chose et même chose. Sans compter que t’avais en plus tendance à te perdre dans tes pensées très rapidement. Combien de fois tu ne t’étais pas surpris à divaguer pendant des longues minutes alors que t’étais censé faire autre chose ? Même en cours t’avais souvent eu du mal à suivre entièrement quelque chose, que ce soit passionnant ou non. Même écouter les gens ça ne te réussissait pas spécialement suivant ton niveau de concentration.
Tu te fais même la réflexion que si ton nouvel interlocuteur n’avait pas pris la peine de parler, tu ne l’aurais peut-être même pas encore remarqué. Tu t’en serais un peu voulu, si tu l’avais ignoré sans même le vouloir. T’avais pas vraiment besoin de te rajouter ça en plus sur la conscience. Puis au final, tu te dis que ce n’est pas plus mal qu’il vienne s’asseoir, que t’aurais une chance de paraître un peu moins bizarre aux yeux des personnes extérieures, moins pitoyable par la même occasion. Tu t’étais refusé de t’en faire la réflexion jusqu’ici, mais tu te doutais bien qu’un ou plusieurs clients avait bien dû remarquer ta solitude absolument non voulue ou encore moins recherchée.
T’es peut-être bien un peu soulagé de pouvoir parler à quelqu’un, de te changer les idées aussi, ne serait-ce qu’un minimum, de te forcer à lui sourire, si ça se trouvait d’ici quelques minutes tu le ferais naturellement. Puis c’était plus poli, il n’avait pas l’air d’être la personne la plus ouverte du monde, mais t’étais très mal placé pour parler. T’aurais dans son cas, sans doute que tu te serais décidé à partir, tout simplement, plutôt que de t’asseoir à la table d’un inconnu.
« ▬ Si ça peut vous rassurer, ils n’ont plus l’air de faire attention à vous ! Dans tous les cas, ce n’est pas ici que vous risquez d’être jugé. »
Est-ce que t’essayais de le mettre en confiance ? Peut-être bien. Nashira avait toujours été plus douée pour tout ce qui était social, mais même si t’aurais bien aimé l’inviter ici, tu savais pertinemment que tu ne l’aurais jamais fait. Risquer qu’elle croise Cade ? T’adorais ta sœur, et même si t’avais énormément confiance en elle, tu la connaissais assez bien pour savoir que si elle se doutait de quelque chose, elle irait le rapporter à vos parents, pour bien faire, certes, mais c’était bien la dernière des choses dont t’aurais envie. Ça ne ferait que du mal à absolument tout le monde.
T’as pas le temps d’y penser plus, tu préfères te concentrer sur ce que peux te dire le brun. T’hésites un peu à la question. Ce serait tellement simple de mentir, t’en avais pris l’habitude depuis que t’étais jeune. Ça te facilitait la vie à un point que tu n’aurais pu imaginer. ça te permettait de vivre un peu mieux les coups durs par la même occasion.
« ▬ Faites à votre aise ! Enfin, je ne vais certainement pas vous y forcer non plus si ça ne vous tente pas. …Sans doute un empêchement, je me dis que de toute manière, ce n'est pas comme si c'était la seule occasion qu'on aurait de se voir.„
T'étais le seul que t'essayais de convaincre actuellement, tu préférais te dire ça que de voir les choses en face, de te faire une raison et d'admettre qu'il n'y avait sans doute plus aucune chance que tu puisses revoir le Né-Moldu comme si rien ne s'était passé. Tu t'étais servi un verre, une bonne excuse pour ne pas regarder directement le brun. Ça ne t'empechait pas non plus de lui parler et d'essayer de diriger la conversation vers un autre sujet.
“ — Je m'excuse, je ne me suis même pas présenté, Kaus Selwyn. Vous étiez ici depuis longtemps, avant de vous faire chasser de votre place ? „
Le destin qui joue en sa faveur. La chance semble être de son côté en ce jour de janvier et le jeune brigadier n'hésite pas à user de son plus beau sourire pour amadouer sa cible principale. Il n'a que faire du regard des autres. Il ne connaît même pas ce type, et pourtant, il n'a pas l'air d'être une mauvaise personne. Néanmoins, Noah sait que les apparences peuvent parfois être trompeuses. Alors, il fait de son mieux pour ne pas être trop sûr de lui. Garder la tête hors de l'eau, toujours réfléchir avant d'agir. Et le voilà qui s'installe face au sang pur sans la moindre gêne. À quoi bon prendre des pincettes ? Ils sont tous les deux des adultes, alors il n'y aucune raison d'être gêné. Une chance que ce soit un homme, d'ailleurs. Noah aurait eu bien plus de mal à aborder une jolie jeune femme sans passer pour un pervers ou un dragueur. Alors que malheureusement pour lui, il n'y a que Scarlett dans son esprit et son cœur. Sentiments qu'il a rejeté durant de longs mois. Connerie absolue que de se lier d'amour avec un autre être humain. Il sait qu'il finira par être rejeté. Par être mis de côté. Ou que ce sera l'inverse. C'est ainsi que les choses se terminent à chaque. Et puis, Scarlett a choisit un bord. Chose que Noah ne supporte pas. La guerre est certainement inévitable et il aurait préféré qu'elle soit de son avis ; partir le temps que les choses se tassent.
« On ne peut pas se juger l'un et l'autre, ce serait de l'hypocrisie, pas vrai? » Noah rit légèrement. Menteur. Il est déjà hypocrite de par sa manière de faire. Lui qui ne sourit jamais. Lui qui n'accoste jamais qui que ce soit sauf s'il y est obligé. Homme solitaire. Homme froid. Le voilà à devoir jouer la comédie pour son putain de travail. Ce qu'il ne faut pas faire. Il a déjà envie de fuir. De partir. D'aller s'enfermer entre les murs de son appartement pour retrouver ce calme qui lui plaît tant. Le trentenaire se détend un peu, malgré tout, il se force à le faire. Parce qu'il est certainement là pour un petit moment. Parce qu'il va peut-être devoir suivre ce type comme son ombre pour toute la journée. Curiosité maladive se mélangeant à son travail. Noah n'aime pas l'idée de mettre sa propre vie en danger pour des conneries pareilles. Foutu supérieur. Il lui fera bouffé de son poing droit tôt ou tard, à ce crétin imbu de lui-même. « Vous avez pourtant l'air d'attendre depuis très longtemps. L'amour? » Qu'il sous-entend, en se disant qu'il aurait pu faire de même avec Scarlett. Il a eu peur, il y a quelques mois de cela, qu'elle prenne la poudre d'escampette, lorsqu'il a enfin osé faire un pas vers elle. Les sentiments, c'est la merde. S'amouracher. C'est la merde. Et Noah a même hésité à chercher une potion, un sortilège pouvant le rendre plus dur, plus froid encore. Mais à quoi bon devenir une statue de pierre ?
Noah aime jouer avec le feu avec la belle blonde, mais cela n'a strictement rien à voir avec la hantise qui lui déchire les tripes en ce moment même. Si ce type est véritablement du côté des Mangemorts, il a intérêt à faire véritablement attention à son propre derrière. Quelques gorgées de sa bière-au-beurre avalée, et voilà que le type se présente. Si seulement il savait qu'il connaît déjà beaucoup de choses sur lui. Il a eu le temps de lire le dossier de quelques uns de ces types dont on murmure le nom au détour d'un couloir au sein de la brigade. Mais Noah fait mine d'être surpris, il se redresse, partant pour se présenter à son tour. « Moi non plus, j'suis pas vraiment du genre à trop parler habituellement. » Il ne cherche pas à mentir, ça paraîtra plus vrai que nature, ainsi. « Noah Austin. » Il répond, avant de regarder autour de lui. L'avantage, c'est qu'il n'a pas l'impression qu'il croisera Macnair ici. Et ça le rassure. Il serait prêt à le noyer dans les toilettes, celui-là. « A peine quinze minutes. Je ne pensais pas que ce serait aussi bondé. Je ne viens pas souvent ici. Et vous? » Menteur. Il n'a jamais mis un pied dans cet endroit lugubre à l'odeur désagréable. Il a même déjà envie de fuir les lieux, le con.
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it only means you care Faudrait peut-être que t’arrêtes de te raccrocher à des espoirs totalement vains. Mais t’as juste pas envie de commencer à faire face à cette réalité bien trop pourrie et qui te conviendrait beaucoup moins. T’es reconnaissant à cet homme d’être arrivé, qu’il l’ait fait consciemment ou non, peut-être qu’au fond, tu lui avais simplement fit pitié de loin et qu’il avait préféré de tenir compagnie parce qu’il était seul lui aussi, inventant une excuse. À vrai dire, il y avait une tonne de possibilités, et tu ne saurais sans doute jamais ce pourquoi il était réellement venu jusqu’ici. Peut-être qu’il disait tout bonnement la vérité, mais au fond, qu’est-ce que ça pouvait changer ? Les faits étaient là, et t’allais profiter de cette occasion. T’allais pas inventer que c’était agréable de se retrouver totalement seul à une table en espérant voir une personne arriver. Si seulement ce foutu don de voyance avait pus se manifester sur cet échec de sortie, tu n’aurais même pas pris la peine de le lui proposer. Mais non, fallait que ce soit parfaitement aléatoire, que tu n’en comprennes même pas la moitié, ou ne saches pas qui les visions pouvaient concerner, sinon ce serait beaucoup trop simple, en fait. T’avais espéré qu’avec les années, t’arrives à mieux gérer ça, mais tu t’étais juste mis un énorme doigt dans l’œil, oui.
T’essayes de pas trop y penser, de juste te détendre au moins un minimum face au brun. T’es pas dans une de ces soirées mondaines où t’as besoin de faire semblant d’un peu trop de choses, il a déjà l’air bien plus humain que la majorité des sorciers que tu pouvais y croiser. Son rire étire un peu te lèvres d’ailleurs, même s’il est peut-être forcé, t’y fais pas attention, t’as pas envie de commencer à psychoter sur ce que les personnes pouvaient penser ou dire de toi, sinon t’en avais encore pour des heures.
« ▬ Extrêmement malvenu je dirais même, en plus d’être assez inutile. Les autres le font déjà bien assez, autant ne pas en rajouter. »
Tu di ça alors que t’as jamais été réellement franc avec beaucoup de monde, c’est peut-être un peu trop ironique. Mais à chaque fois, tu te dis que le mensonge n’est pas énorme, que de toute manière ça ne changera pas le monde, que ça t’évite de te retrouver bien souvent dans des situations trop gênantes ou que tu n’as aucune envie de vivre non plus. Sa question tombe, tu fixes ton verre quelques secondes. Ça ne faisait aucun doute que t’étais encore bien trop attaché à Cade, malgré les années, ses messages et signaux de plus en plus clair. Ce serait quand même plus simple, si t’arrivais à te détacher de ça, à prendre un peu de recul, au moins arrêter de penser à lui la plupart du temps.
« ▬ Oh, à partir d’un moment, on ne voit plus vraiment passer le temps non plus. »
Tellement faux, ces dernières minutes t’avais l’impression d’être ici depuis des années, que le temps n’avançait absolument pas et la seule chose qui te retenait, c’était l’espoir. L’espoir de le voir arriver, la peur de le rater, alors que c’était totalement absurde après autant de temps à l’attendre. C’est mieux de t’enliser dans tes mensonges, bien que ton sourire finit par se figer.
« ▬ …Oui, même si le message commence à être assez clair, j’imagine que c’est à sens unique. »
Tu ne sais même pas pourquoi spécialement tu lui en parles, qu’est-ce qu’il en a à faire, au fond. Mais c’est sans doute pour ça que tu t’es lancé à mettre des mots dessus, parce que tu te dis qu’il ne te reverra jamais, qu’avec lui, tu peux te permettre d’en parler un minimum. Comme tu t’y étais attendu, ça fait mal, de mettre les mots juste dessus, d’essayer de prendre conscience pleinement.Tu soupires un peu avant de faire un geste de la main et de te reprendre, ce n’était pas non plus une raison pour commencer à être pire qu’une lavette.
« ▬ Veuillez m’excuser, ce n’est pas vraiment important et vous n’êtes certainement pas ici pour entendre ce genre de complaintes non plus. »
Tu reprends ton sourire en venant boire quelques gorgées de ton verre, quel crétin. T’aurais presque envie de te frapper pour le coup, de balancer ce genre de choses alors que t’avais une alliance au doigt, que t’avais accepté uniquement pour faire plaisir à ta famille, couper court aux sujets de discorde à ce niveau, pour qu’on te foute la paix. Ça se serait peut-être mieux passé si tu ne t’étais pas montré imbuvable à tes premières fiançailles, jusqu’à ce qu’elles ne soient rompues. T’es bien conscient de mal le tenir, ce mariage, mais au moins tu ne fais pas de remous, à un tel point que le problème est bien là ; tu ne fais rien.
« ▬ Il vaut souvent bien mieux se taire que de trop parler, alors on peut dire que c’est un avantage, dans un sens. Enchanté ! Vous venez d’ici ? »
Ta tête se penche légèrement sur le côté à la question, si tu poses la question plus par politesse qu’autre chose, ça ne t’a jamais dérangé, d’écouter les gens. C’est même bien souvent assez intéressant. Ton regard s’accroche au sien, tu te refuses de resombrer une nouvelle fois dans tes pensées.
« ▬ C’est fou à quel point on peut mettre autant de monde ici, je n’aurais jamais pensé ça possible ! de même, je préfère de loin les endroits plus…ouverts et plus calmes, mais on ne peut pas vraiment dire que ce soit le bon jour et la bonne heure pour aller se poser tranquillement dans un parc. »
Il ne sait pas trop dans quoi il fout les pieds, Noah. Incapable de savoir s'il s'engage vers une merde pas possible, ou si ce type est totalement innocent. À première vu, Kaus Selwyn ne semble pas être un mauvais personnage, bien au contraire. Même si le brigadier est certain qu'ils ne s'entendraient pas à la longue, il ne peut nier le fait qu'il peut lire en son regard, une certaine innocence. Peut-être est-ce lié à cette attente interminable à laquelle le type semble faire face. Si Scarlett venait à lui faire un coup pareil, sûr que Noah tirerait la même tronche, il ne peut le nier. « Je confirme. On se fait déjà bien assez jugé pour tous nos faits et gestes, autant ne pas en rajouter. » Même si, en soit, Noah est plutôt hypocrite sur ce coup-là. Après tout, ne se rapproche-t-il pas de cet homme, dans l'unique but de décider si oui ou non, il doit être mis sous surveillance, dans le but de prouver son appartenance à ce groupe de fous furieux ? Noah le sait. Il n'a pas le droit à l'erreur. Scarlett est une née moldue. Il ne pourra pas toujours la protéger. Alors, le menace doit être éliminée le plus rapidement possible. De manière propre et efficace, également.
Il reste tranquille, Noah, nullement inquiet. Il n'a rien à se reprocher, pour sa part et joue parfaitement la comédie. Sûrement aurait-il pu devenir un très bon acteur hollywoodien ? Qui sait. Dans une autre vie, peut-être. Noah prend une longue inspiration, avant de porter son verre de bière-au-beurre jusqu'à ses lèvres. Il penche la tête sur le côté tout en écoutant le type qui lui fait face, fronçant quelque peu les sourcils. « Vu votre tronche, j'aurais plutôt jugé le contraire. » Noah, il ne cherche pas à blesser, mais il ne mâche pas ses mots. Jamais il ne prendra la peine de faire preuves d'un peu de tact. Les gens n'ont pas besoin qu'on les caresse dans le sens du poil. Noah n'en n'a pas besoin, tout du moins. Alors pourquoi prendrait-il la peine de le faire avec autrui ? Surtout, auprès de personne dont il se fiche complètement ? Ce serait clairement idiot.
À sens unique. L'amour, ça brise des cœurs. Des vies. Des âmes. L'amour, ça n'épargne personne, pas même lui. Il pensait pouvoir ne jamais avoir à dépendre de quoi que ce soit et regardez-le aujourd'hui. Prêt à tout pour protéger Scarlett. Jolie blonde ayant volé son muscle le plus important. Il essaie pourtant de prendre sur lui, Noah. Parce qu'il n'a pas envie qu'il lui arrive quoi que ce soit. Douce donzelle ayant conquit son cœur. Putain, ce qu'il peut bien lui en vouloir. Elle, qui a su l'apprivoiser à sa manière. Lui qui se pensait invincible et solitaire pour l'éternité. Il s'est bien planté. Et il a plongé, tête la première dans ce monde inconnu. « J'en suis navré.[b] » Mensonges. Noah, il s'en tamponne complètement. Monsieur Selwyn pourrait même se mettre à chialer devant lui que cela ne lui ferait ni chaud ni froid. Ce n'est pas de l'insensibilité malvenue. Noah est simplement trop égoïste. Il a déjà bien assez à faire avec ses propres soucis, ce n'est pas pour se prendre la tête avec ceux des autres, après tout.
« [b]Disons que je suis là pour me détendre après le travail, mais je pense tout de même qu'il serait incongru de parler de ça, alors qu'on ne se connaît pas. Je suis une bonne oreille. Mais vous savez ce qu'on dit ? La confiance ça se mérite. » Avoue-t-il, essayant de faire en sortes de ne pas avoir à écouter les jérémiades de cet homme au regard sombre. Ce n'est pas que ça ne l'intéresse pas, mais Noah aurait bien du mal à se faire une idée du personnage si ce dernier se met à lui pleurer dans les bras. « Disons que je suis né dans l'coin, en effet. Et vous ? Léger accent, je me trompe? » Il essaie de deviner, de faire semblant, même si Noah connaît déjà le dossier de Kaus par cœur. Une bonne mémoire. Une envie de faire les choses bien. Pour pousser ce type qui se trouve être son supérieur à la porte et lui piquer son boulot. Noah, il commence à ne plus supporter le fait d'être sur le terrain. Auror aurait été bien plus intéressant à faire, après tout.
Le jeune trentenaire reste immobile tout en soutenant le regard de son camarade du jour. Assis sur cette table, au beau milieu du chaudron baveur, Noah ne s'imaginait pas vraiment devoir à jouer les pipelettes pour tirer quelques informations ou la moindre gaffe de ce type. La prochaine étape sera de le suivre. Et peut-être même de s'introduire chez lui en toute discussion, mais là n'est pas le moment, bien au contraire. Austin a encore du temps. Beaucoup de temps devant lui. « L'une des premières raisons qui m'ont poussés à passer mon permis pour Transplaner. C'est plus facile, pour rejoindre les endroits calmes quand on en a besoin. La forêt par exemple, ou le haut d'une montagne. » Sur ce coup-là, Noah, il ne ment pas. Il est sincère et véritable. Être un sorcier aide tout de même beaucoup. Et il apprécie toujours autant de narguer sa pauvre sœur Cracmol, qui n'en connaîtra jamais les odeurs.
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it only means you care Si tu pouvais t'arrêter de penser à Cade, ce serait une bonne chose, un bon début, parce que tu ne pouvais pas vraiment dire que t’avais fait énormément d’efforts à ce niveau-là. Il ne se passait pas une journée sans que tes idées ne dévient vers lui, même juste deux minutes. Pourtant, ça faisait quand même quelques années que vous n’étiez plus ensemble. Même t’étais attaché à lui, un peu trop, t’arrivais pas à faire autrement, vous aviez vécu tellement de choses ensemble, tu ne pouvais pas tout oublier et faire comme si de rien était. En même temps, c’était ta première relation durable, la première personne à qui t’avais autant fait confiance, et à qui tu continuais de faire confiance d’ailleurs. Tu continuais d’espérer au fond, qu’il finisse par venir, qu’il devait avoir un empêchement et qu’il n’avait peut-être pas de hibou sous la main, ça pouvait arriver. Mais le fait d’être accompagné, même par un inconnu, c’était plus ou moins rassurant. Plus que de se retrouver seul à regarder le temps passer.
« ▬ C’est nettement mieux de pouvoir se serrer les coudes, du mieux qu’on puisse le faire en tout cas. Mais je leur en suis reconnaissant dans un sens, sans ça, vous ne seriez peut-être pas venu jusqu’ici. »
T’essayes de relativiser, de sourire un peu plus naturellement. T’as pas envie de te laisser abattre totalement alors qu’il n’était certainement pas venu à la base dans ce bar pour te voir désespérer et démoraliser. T’essayes de prendre sur toi le plus possible, de minimiser la chose, le moment. Tu pouvais essayer de focaliser toute ton attention sur lui, arrêter de tourner ton regard vers la porte lorsque quelqu’un entrait. Ça en devenait presque pitoyable. Sans doute que tu l’étais depuis quelques années, mais tant pis.
T’arrives à te détendre petit à petit, tu sens tes épaules se relâcher un peu, tu te sens un peu mieux, même si t’aimes pas spécialement parler d’habitude, ça t’empêche de continuer de te morfondre. Même s’il te ramène un peu à la réalité. Tu ne vas pas te cacher que t’en as quand même bien besoin, si on te laissait seul avec tes pensées, t’as plutôt tendance à embellir le tout, à ne pas voir les choses en face, c’est tellement plus simple. T’arrives quand même à sourire un peu pour cacher ta gêne, parce que c’est toujours plus simple d’en afficher un que d’essayer de s’enfoncer dans des explications plus ou moins houleuses. Puis franchement, t’allais pas commencer à déblatérer sur ta peine de cœur alors que t’y arriverais déjà même pas dans ta langue natale.
« ▬ Ca se voit tant que ça ? »
Le coin de tes lèvres s’étire un peu plus, le meilleur des bouclier, ne serait-ce que pour ton propre mental. T’espérais bien pouvoir le leurrer un minimum de cette manière. T’es toujours tout aussi perdu, mais tant que tu sais encore sourire, tu te dis que tout n’est pas perdu. De toute manière, on t’a appris à garder un minimum la face, surtout en public. De toute manière, tu tiens en te disant que ce soir tu pourrais craquer si ça te chantait, t’attendrait que Sloàn aille se coucher. C’était pas comme si t’étais un gros dormeur de toute manière. Tu t’appuies un peu sur tes bras, que tu viens de poser sur la table, tu te mords un peu l’intérieur des joues, pensif. T’aimerais trouver un moyen de te vider la tête de temps à autre, même juste un peu. Tu penses toujours à des milliers de trucs et quand par miracle t’arrives à faire une pause, t’as souvent ton don qui arrive toujours à se manifester au pire moment. À moins que ça ne soit lié, ce serait encore possible. Tu serres un peu plus tes mains sur tes bras, serre un peu plus le tissu, de toute manière ce n’était pas le plus important. T’avais beau tenir à ton apparence, ce n’était pas un veston froissé qui te tuerais. T’acquiesces un peu à ses dires, même i tu mets quelques secondes à comprendre ce qu’il peut dire.
« ▬ Vous travailler non loin d’ici ? Vous…avez tout à fait raison, je suis désolé c’est…parfaitement déplacé et il y a des sujets bien plus intéressants à aborder aussi. »
Ceux que t’as en tête là tout de suite, t’évites de les exposer, tu sais que ce n’est pas forcément une bonne idée, ou assez pertinent, ça ne t’empêche pas d’essayer d’y réfléchir, même si tu n’es pas spécialement dans le bon état d’esprit pour ça. Tu ne le serais sans doute pas avant un bon petit bout de temps. Tu ferme les yeux un instant, comme pour mieux te remettre les idées en place, pour te concentrer sur le plus important. Ou encore sur ce qu’il pouvait dire.
« ▬ A Londres même, ou…non loin ? Vous êtes gentil, j’ai l’impression qu’on entend que ça, mais…de France, ça commence à remonter maintenant. »
Ça te manquait pas mal d’ailleurs, mais t’avais absolument pas le courage de redéménager, encore moins de démarcher pour trouver un autre travail. Sans compter que tu doutais fortement que ta famille et belle-famille voient ça d’un bon œil. Comme d’habitude, t’allais plier à la facilité, à ce qu’on te dirait de faire, t’avais toujours été un meilleur suiveur.
« ▬ Je vous comprends totalement, ça change radicalement la vie, et c’est tellement plus pratique pour pouvoir se rendre où on le souhaite, ou presque. Vous y allez souvent pour…vous ressourcer ? Vous…campez de temps en temps où vous y restez juste quelques temps histoire de vous changer les idées ? »
Jouer la comédie. Être souriant. Poli. Amical. Noah sait très bien le faire. Et pourtant, il préfère de loin rester enfermer dans son bureau pour être au calme, loin des gens. Asociabilité maladive, qui guérit petit à petit aux côtés de Scarlett. Enfin, juste avec elle. Une petite exception qui l'effraie autant qu'elle le réconforte. Il ne contrôle plus rien en sa présence ; encore moins ses sentiments. « Oh, je ne serai pas venu du tout, en effet. Je ne suis pas du genre à aller parler aux autres sans y être forcé. » Et sur ce coup-là, Austin ne ment pas. Il arbore un sourire franc, mais dans le fond de son regard, l'on pourrait presque y lire de l'hypocrisie. Il espère que les accusations sont fausses. Le trentenaire n'a clairement pas envie de se mettre dans des histoires impossibles à régler, juste pour le ministère de la magie. Envoyer les gens à la morgue, c'est tout ce qu'ils font. Combien d'Auror ont disparu depuis le début des enquêtes, hein ? Et maintenant, on envoie les simples brigadiers ? Putain. Il ferait bien brûler les locaux sorciers.
Irritation qu'il cache au mieux. C'pas que le type en face de lui est désagréable, mais sa vie ne le concerne pas et ne l'intéresse pas le moins du monde. Pourtant, il fait semblant, du mieux qu'il le peut. Quand le type lui pose une question soudaine, concernant la tête qu'il affiche. « Malheureusement pour vous, oui. » Répond alors simplement le brigadier en prenant une légère inspiration. Il va pas mentir, Noah. Il va pas essayer de lui cacher les choses pour le caresser dans le sens du poil. Il veut bien jouer les gentils, mais de là à protéger les sentiments des inconnus ? Même pas en rêve. Question sur son travail. Le plus jeune se retient de plisser les yeux. Est-ce qu'il se doute de quelque chose ? Il faut qu'il pense à garder sa baguette à porter de mains. Ne pas baisser sa garde et attaquer à la moindre suspicion. Il est comme ça, Noah. Agressif. Un vrai con, dans toute sa splendeur. « Rien de déplacé. La curiosité est une qualité comme un défaut, à mes yeux. » Et il dit vrai, l'ancien Serdaigle. Être curieux, ce n'est pas si mauvais dans le fond, même si la plupart des êtres humains détestent qu'on leur pose trop de questions. Austin y compris, bien évidemment.
« Londres sorciers, oui, en effet. » Il répond simplement, pour ne pas en dire trop sur son travail. « Vous venez de France ? Je me disais bien qu'il y avait un léger accent là-dedans. Beaubâtons? » Il demande avec un intérêt soudain. Les sorciers étrangers, ça l'intéresse grandement. « Qu'êtes-vous venus faire en Angleterre? » Il tient peut-être quelque chose, dans ce cas. Si ce type est venu uniquement pour le Seigneur des Ténèbres (surnom totalement stupide aux yeux de Noah), alors Austin saura le prouver, il en est certain. Un léger rire vient briser le léger silence de quelques secondes, tandis que le châtain se redresse, terminant finalement sa bière-au-beurre d'une traite, en quelques gorgées seulement. « Eh bien. Disons que je ne campe jamais, je préfère mon lit. Mais j'y vais au moins deux fois par semaine. » Peut-être moins, depuis qu'il avoué à Scarlett qu'il s'était amouraché d'elle. « Vous ne voyagez pas? S'ils commencent à partir sur ce genre de discussions, Noah se dit qu'il n'avancera clairement pas dans son enquête. Mais il a encore le temps, pas vrai ?
« If I should call you up, invest a dime. And you say you belong to me and ease my mind. Imagine how the world could be, so very fine. So happy together » (Happy Together → Filter)You better cry man
it only means you care C’était loin d’être dans tes habitudes, d’être accompagné de la sorte, par un inconnu. T’aimes ton confort, tes routines, même avec ton entourage. T’aimes pas sortir de cette zone, plonger dans l’inconnu, même si t’es conscient de passer à côté de tonne de choses, sans doute. Enchaîné et embourbé par cette peur de tout. Alors t’allais certainement pas lui en vouloir de ne pas forcément aller avec les autres, t’étais le dernier à le faire, tu préférais encore faire la plante verte que de te forcer à faire le premier pas. Même si c’était un peu différent lorsque t’étais encore en France, avec la barrière de la langue en moins, c’était plus simple, t’avais un peu plus confiance en toi, même si ça restait assez moindre.
« ▬ C’est parfaitement compréhensible. Je n’aime pas spécialement non plus, surtout qu’on ne sait jamais si… on dérange ou quelque chose dans le genre. Puis ça fait même du bien de se retrouver avec soi-même. »
Ça pouvait être pas mal, lorsque t’arrivais à t’occuper l’esprit. Parfois, ce n’était pas encore trop compliqué, aujourd’hui, c’était un peu différent, mais l’arrivée du brun a changé un minimum de choses, son sourire finit de te mettre en en confiance. Peut-être que t’avais tort, t’avais toujours eu ce côté un peu naïf d’accorder ta confiance et ton affection à la première personne qui te tendait la main. T’arrivais pas à t’en empêcher. Mais en même temps, pourquoi tu te méfierais de lui, il n’avait absolument pas l’air méchant, même si ça ne voulait rien dire. Il n’y avait pas de raison que tu te sentes spécialement menacé non plus. L’ambiance générale était déjà assez lourde que pour en rajouter une couche à chaque occasion.
T’essayes de sourire, surtout après sa remarque. Ca ne te servirait absolument à rien d’afficher délibérément ta peine ou même quoique ce soit d’autre de négatif. Il suffirait que Nashira se décide à passer te rendre visite, elle remarquerait directement que quelque chose n’allait pas. Et si t’avais pris l’habitude de mentir par facilité, c’était la personne avec qui t’avais le plus de mal à le faire, une des seules avec qui tu pouvais avoir du remord aussi. Au moins, le brun a l’air d’être quelqu’un de sincère, qui n’allait pas spécialement mâcher ses mots ou prendre des pincettes. C’était peut-être ce qu’il y avait de mieux avec toi.
« ▬ J’essayerai d’améliorer mon jeu d’acteur à l’avenir, ça sera…certainement utile. »
Bien vu, sinon tu pouvais essayer de réfléchir un minimum avant de parler et de sortir des choses aussi évidentes. C’est bien mieux d’essayer de se concentrer sur lui, ça pouvait être intéressant, même si t’avais aucune envie de t’immiscer dans sa vie et qu’il ne se sente mal. T’aimerais pas non plus qu’on te fasse la même chose, même si tu serais un peu trop poli pour remballer qui que ce soit. Tu pourrais toujours mentir aussi. Mais il n’a pas l’air de t’en vouloir pour ta curiosité.
« ▬ Ca a un côté plus calme que le moldu je trouve, même si je ne m’y aventure pas très souvent. Oui ! ça doit…presque faire une dizaine d’années maintenant, mais j’ai bien l’impression que je ne me ferai jamais à l’accent. Tout à fait ! C’est…assez différent de Poudlard, plus grand, mais en même temps, il y a plus d’élèves aussi. Il faisait plus chaud aussi. Vous étiez dans quelle maison ? »
T’avais plutôt bien apprécié, tes années d’études, tu t’étais plutôt bien intégré grâce à ta sœur et t’avais fini par prendre quelques marques. Tu penches un peu la tête, plus par confort qu’autre chose.
« ▬ Oh, mon père s’est vu proposer un nouveau poste à l’époque à Londres et…je n’avais pas envie de m’éloigner de ma famille, alors j’ai suivi le mouvement. »
T’aurais pu retourner en France, mais t’avais choisi simplement la facilité. Tu continuais de la choisir, alors que l’ambiance serait sans doute plus légère là-bas, mais bon. T’aurais certainement autant de mal, voir plus de trouver un poste là-bas que lorsque t’étais arrivé dans ce pays.
« ▬ Je comprends, je ne pourrais pas me passer de mon confort très longtemps, surtout pour dormir. Au moins ça vous aide sûrement à vous changer les idées, vous avez des endroits préférés ? Pas énormément, même si mes horaires ne sont pas spécialement lourds, ce serait un peu trop compliqué à arranger. Vous êtes déjà allé à l’étranger ? »
Ce serait encore plus délicat si tu te décidais à partir en vacances sans Sloàn. Il faudrait que tu trouves une excuse assez plausible, même si tu pourrais essayer de prendre sur toi et de lui proposer de t’accompagner. Ça n’aurait rien de relaxant, et tu n’avais aucune envie que vous ne finissiez par vous prendre la tête non plus.
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