Repas familiale au manoir Bulstrode. À nouveau, Cosme tire la tronche, tandis qu'il se prépare face au miroir de sa salle de bain. Une fois par semaine, ce dernier est obligé de jouer les fils modèles, de ne pas être trop agressif vis à vis de cet abruti de Selwyn, quand ce dernier daigne se pointer pour souper. Dans le fond, Cosme n'en n'a véritablement que faire de voir un tel abruti dans son champ de vision. Cela a tendance à l'irriter au plus haut point. Au mieux, il ne viendra pas. Au pire, il l'emmerdera toute la soirée et se délectera de son côté un peu trop coincé, malgré à l'aise. Kaus, c'est une petite brebie. Kaus, il est faible aux yeux du plus jeune sang pur. Et Cosme s'amuse à le voir tenter de l'éviter dans chacune des pièces du manoir. C'est grand, c'est sûr. Les lieux sont immenses, mais le loup ne laisse jamais une seule brebis à l'écart. Il veut toutes les croquer. Les déchiqueter. Les rendre folles.

Le transplanage est rapide. Bref. Vif. Ça lui donne un léger tournis, mais le beau châtain se reprend très vite. Ne rien montrer. Jouer le fier. Tel un coq dans une basse-court, Cosme pousse la porte d'entrée tout en sifflotant. Bizarrement, pour une fois, il se sent plutôt d'humeur enjouée, à l'idée de manger avec son frère, sa sœur, ses parents et ce beau-frère un peu trop con. C'est à se demander comment Sloàn fait pour le supporter. D'autant plus qu'elle lui a sous-entendu, la dernière fois, que le type ne fait même pas son travail d'époux. Soit, lui faire un marmot. Et ça, Cosme, ça le rend dans une rage pas possible. Si Ariel et Sloàn fondent une famille, il pourra peut-être passer entre les mailles du filet, concernant un potentiel mariage arranger pour ses trente ans. Il lui refera le portrait, lui brisera les dents s'il le faut. Mais Kaus a intérêt à vitre s'amuser au pieu avec sa frangine s'il ne veut pas être retrouver mort sur le caniveau.

Salutations rapides, brèves. Il enlace son père, dépose un baiser sur la joue des deux femmes présentes à la maison, donne une accolade à son père. Kaus est en retard ? « Il est pas, le décérébré? » Qu'il demande avant d'entendre qu'il aura un peu de retard. Cosme hausse des épaules et se faufile jusqu'au grand salon pour prendre l'apéritif, se servant rapidement une coupe du meilleur champagne posée sur la table. L'avantage à être sorcier, c'est qu'on ne conduit pas. Jamais. En tout cas, ce ne serait pas le cadet Bulstrode qui s'intéresserait à ces conneries moldus, ça, c'est sûr ! Finalement, Kaus se pointe et Cosme se redresse, le regard se faisant soudainement plus sombre. Faut qu'il le touche deux mots. Sous peu. Dès qu'il en aura l'occasion, il ira dans la pièce de jeux. Ariel lui a même susurré à l'oreille qu'il a ramené une nouvelle armoire magique et si Cosme n'a aucune idée de ce qu'elle peut faire, il compte bien voir le résultat sur son aîné et ses lunettes de plouc. « Bonsoir Kaus. On fait pas dans la ponctualité chez les Selwyn apparemment. J'espère que mes nièces et neveux hériterons du côté Bulstrode. » Rétorque de manière narquoise Cosme en venant lui serrer la main par politesse, sous le regard réprobateur de son paternel. Qu'il aille se faire foutre ce vieux con.  

Y'a pas besoin de faire semblant de l'apprécier. Cosme, il n'est pas trop du genre à jouer les hypocrites, bien qu'il sente déjà le regard noir de sa sœur adorée sur lui. Sûrement le défie-t-elle de jouer au con ce soir ? Peu lui importe. Que pourrait-elle bien lui faire, hein ? Il ne craint rien, Cosme. Tant que papa Bulstrode est dans les parages, la mariée ne pourra pas faire grand chose contre lui, l'ancien Serpentard ne le sait que trop bien. Alors il en joue, il fait le malin. S'amuse à tenter de mettre son beau-frère mal à l'aise. Petit bâtard. Il n'a certainement rien à faire dans cette famille. Il est trop effacé. Trop nerveux. Trop fuyard. Ce n'est pas comme ça qu'ils feront des gamins avec de beaux caractères à la Bulstrode. Deux mains qui se serrent l'une contre l'autre par politesse. Ça pourrait presque le faire vomir de dégoût, le plus jeune. C'est qu'il n'a jamais été très tactile, sauf au pieux, et on ne va pas se mentir, Kaus le rebute à un point inimaginable. Il est trop doux. Trop niais. Trop calme. Trop fuyard. Ce n'est pas un homme, un vrai de vrai. Il doit être croisé au féminin, ce n'est pas possible autrement. « Peut-être que les enfants d'Ariel seront à l'heure, en effet. » Il répond, Cosme, sur la défensive. C'est qu'il ne veut pas de marmots. Et il serre un peu plus la main de son beau-frère entre ses doigts pour lui faire comprendre le message. La prochaine fois qu'il dit un truc pareil devant ses parents, il le découpe en morceaux minuscules qu'il donnera à manger au premier chat qu'il verra sur son passage. Ou même à un Sombral, tiens. Paraît-il qu'ils aiment la viande crue, ceux-là. Sacrées bestioles.

Le fait que le type se soit rendu compte de son élan de courage le fait jubiler intérieurement. Cosme le laisse baisser les yeux, tandis que Kaus relâche sa main. C'est bien. Il est sage. Il n'est pas encore trop suicidaire pour le moment. Néanmoins, le cadet est déjà bien sur les nerfs. Il n'aime pas vraiment que l'on se paie sa tête devant sa famille. Encore moins devant son vieux père. Il esquive Kaus. S'éloigne rapidement. Il prétexte une soudaine soif pour s'éloigner, rejoignant la table des boissons, un peu plus loin. De son côté, Cosme fait un doigt d'honneur de manière discrète à sa sœur en remarquant qu'elle le défie toujours de son regard intense. Ça lui fout les boules, putain. Et puis, il se souvient soudainement de l'armoire que son frère à ramener plus tôt. Il a sous-entendu que personne ne devait y entrer sous aucun prétexte. Si Cosme pensait tester ses capacités de sa propre personne, il a soudainement son jouet favori dans la pièce. Kaus. Kaus. Kaus. Il va le payer. Cet affront ne restera clairement pas impuni. Cosme s'assoit finalement sur un joli fauteuil hors de prix pour picorer quelques mets traditionnels de la famille. Comme à chaque fois qu'il vient ici, il se goinfre. Nullement gêné à l'idée de profiter de tout cela, après tout, une partie du manoir lui appartient de part son héritage, n'est-ce pas ?

« Alors, Kaus. Comment se passent les choses à Poudlard ? J'ai entendu dire que c'était de plus en plus tendu, là-bas entre certains élèves. » Demande soudainement papa Bulstrode tout en fixant son beau-fils. C'est qu'il pensait certainement marier Sloàn à un homme de courage, mais au final, il se retrouve bloqué avec un gendre peu bavard et renfermé sur lui-même. Cosme sourit en coin en entendant tout cela. Il est vrai que ce crétin est professeur à Poudlard. Et dire qu'il ne va pas tarder à lui envoyer le ministère sur le dos. Il adorerait être animagus pour pouvoir voir ça. Malheureusement, Cosme est trop fainéant pour tenter de le devenir. Le petit apéritif se déroule entre quelques conversations, Cosme ne participant pas des masses, avant qu'il ne se lève soudainement, glissant un bras autour des épaules de Kaus. « Faut que j'te montre un truc, le beau-frère. Un objet de collection ! Le temps que tout le monde s'installe à table, on sera vite là pour débuter le repas. » Il soutient rapidement son regard, comme pour lui faire comprendre qu'il ne pourra pas s'échapper cette fois. Pas devant tout le monde. Ça éveillerait bien trop les soupçons, après tout.